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Une initiative deBruxelles Environnement

Crapaud commun Bufo bufo

Découvrez ce batracien commun dans les zones humides bruxelloises.

Caractéristiques principales

Nom latin Bufo bufo
Famille Bufonidae
Sous groupe Amphibiens
Paysage Ville d'Eau • Ville Forêt
Statut de protection Espèce intégralement protégée
Protection stricte sur tout le territoire régional (Annexe II.2.1, Ord. Nature)
Statut de conservation Non menacé / IUCN : Low Concern
Origine Indigène
Taille 5 (mannetje) - 8 (vrouwtje) à 9 (mannetje) - 11 (vrouwtje) cm
Rareté, abondance Commune
Longévité 10 ans (parfois plus de 30 ans en captivité)

Observez, identifiez, découvrez

Tantôt compagnon de sorcières, tantôt prince malchanceux, le crapaud commun est, comme son nom l'indique, suffisamment répandu pour avoir influencé durablement l'imaginaire populaire.

C'est un amphibien vert-brun, gris-jaune ou roussâtre, sans queue ("anoure"), au corps trapu et à la peau pustuleuse. 

Son corps est couvert de glandes granuleuses qui produisent un venin contenant notamment des alcaloïdes neurotoxiques, utile pour se défendre des prédateurs. Ces glandes parotoïdes sont bien visibles à l'arrière des yeux (tache sombre au moins deux fois plus longues que larges) mais sont présentes partout sur le dos, le cou et les épaules des crapauds (ainsi que des salamandres). D'autres glandes produisent un mucus qui empêche la peau de se dessécher lorsque le crapaud est hors de l'eau.

Son œil est de couleur cuivre, avec de beaux reflets métalliques rouge orangé. La pupille est allongée et horizontale. Les yeux rentrent dans le crâne lorsqu'il mange, après avoir broyé ses proies capturées à l'aide de sa langue collante.

La femelle est bien plus grosse que le mâle. Les mâles reproducteurs sont relativement petits, à la peau plutôt lisse, de couleur olive, avec des callosités nuptiales (renflements) foncées sur les doigts.

© Rudmer Zwerver, Saxifraga
Le saviez-vous ?

Le crapaud se déplace surtout la nuit, d'une démarche pataude. Il marche sur ses doigts, sans s'appuyer sur les paumes (c'est un digitigrade). Contrairement à l'imagerie populaire, il ne saute par petits bonds qu'en cas de fuite face à un prédateur.

Consultez la carte de répartition des amphibiens et reptiles

Un crapaud vraiment commun

En région bruxelloise, l’espèce est avant tout présente dans les principaux boisements et les principaux parcs où la majorité des points d’eau occupés pour la reproduction sont des étangs. 

Les populations les plus abondantes sont situées à proximité de milieux boisés. En dehors de la forêt de Soignes, les effectifs les plus importants dans la Région sont situés dans le parc Ten Reuken, le Rouge-Cloître, le parc de Wolvendael (Uccle), les vallons du Tweebeek et de la réserve naturelle du Kinsendael-Kriekenput (Uccle), le parc de Woluwe, le parc Roi Baudouin, le bois du Laerbeek et les marais de Jette et de Ganshoren

Bien que surtout présent dans la seconde couronne, le crapaud  est présent jusqu'au centre-ville, notamment au Petit Sablon où quelques individus introduits ont été vus en 2017.

Le crapaud occupe aussi des milieux plus ouverts comme les zones agricoles à l’ouest d’Anderlecht et le terrain de golf de Neerpede. De petites populations existent dans des quartiers résidentiels où ils se reproduisent dans les mares de jardin, le plus souvent en petit nombre.

Des crapauds ont également été trouvés dans des méandres calmes du Molenbeek (rivière) ou encore à l’ouest de Molenbeek (au Scheutbos).


Cycle biologique

À la fin de l'hiver, vers le mois de février, les crapauds sortent d'hivernation. Ils quittent leur cachette abritée (tas de feuilles, tas de pierres, caves...) pour rejoindre par dizaines voire centaines les points d'eau, souvent ceux où ils sont nés. C'est la migration pré-nuptiale.

Peu avant la migration, les adultes muent pour perdre leur peau hivernale : leur peau est plus lisse en période de reproduction.

Les mâles partent en général avant les femelles et les attendent au point d'eau ; la compétition est rude et les bagarres sont légion. Il n'est toutefois pas rare que mâles et femelles se rencontrent en chemin. Les mâles s'agrippent alors fermement au dos de leur femelle, grosse et lourdement chargée d'œufs, qui a la charge mentale et physique d'amener la petite troupe jusqu'au site de ponte. 

S'accrocher est un réflexe pour le mâle, qu'on peut ainsi retrouver chevauchant une grenouille ou une salamandre infortunée, parfois pendant de nombreuses heures.

Lorsqu'une femelle arrive seule à l'étang, elle est alors assaillie de mâles solitaires en goguette, poussant des petits cris d'amour et s'agrippant tant que possible à elle. Elle peut ainsi se retrouver au cœur d'une mêlée virile. Le mâle vainqueur, souvent le premier et le mieux accroché, finit par dégager ses rivaux, ou ils partent d'eux-mêmes au moment de la ponte.

La femelle pond en délivrant dans l'eau deux longs cordons d'œufs gélatineux que le mâle fertilise au fur et à mesure. Les cordons sont attachés à la végétation immergée. Une seule femelle peut pondre entre 5000 et 7000 œufs : les chapelets d'œufs peuvent faire jusque 4m de long !

Deux à trois semaines plus tard, les têtards éclosent. Contrairement aux adultes, les têtards sont strictement aquatiques, pourvus de branchies et d'une queue, et dépourvus de pattes. Ils subiront plusieurs transformations avant de sortir de l'eau 6 à 12 semaines plus tard en fonction des conditions locales. 

Les minuscules "crapelets" (jeunes crapauds) se réunissent avant de quitter le milieu humide pour rejoindre les espaces plus boisés pendant plusieurs années. Ils ne reviendront au point d'eau qu'après avoir atteint leur maturité sexuelle, après 3 à 7 ans.

    • Visibilité : février à novembre
    • Migration : de mi-février à avril
    • Reproduction : de mars à avril
    • Oeufs : de mars à avril
    • Têtards : d'avril à juin
    • Sortie des jeunes : de juin à juillet
    • Hivernation : de novembre à février
    Visibilité : Février - Novembre
    Migration (pré-nuptiale) : Mi-Février - Avril
    Reproduction : Mars - Mai
    Têtards : Mi-Mars - Juillet
    Sortie des jeunes : Juin - Mi-Juillet
    Hivernation : Janvier - Mi-Février
    Hivernation : Novembre -

    Risques de confusion

    Grenouille rousse

    Grenouille verte

    Place dans l’écosystème

    Alimentation Insectivore • Molluscivore • Herbivore • Décomposeur
    Spécialisation alimentation Généraliste
    Les adultes se nourrissent de divers petits animaux (cloportes, limaces, chenilles, vers de terre, mille-pattes, forficules...) qu'ils attrapent avec leur langue collante. Les têtards se nourrissent de déchets organiques (vase) et d'algues.
    Lieu de reproduction Aquatiques
    Site de ponte dans les plans d'eau permanente assez profonds (mares, étangs, bassins d'orage..). Tolère les berges minérales et les étangs empoissonnés.
    Biotope Berge • Etang • Mare • Zone humide • Bois mort et vieux
    Associé aux milieux aquatiques, généralement à proximité de zones boisées.
    Risques de confusion Grenouille rousse, grenouille verte, Alyte accoucheur

    Gérez et accueillez

    Le crapaud commun est une espèce qui fréquente des milieux variés : les forêts de feuillus et mixtes, les parcs, les jardins, des friches diverses, les zones agricoles. Il trouve refuge sous des vieilles souches, des tas de bois mort, dans des galeries de micromammifères, sous des pierres, des briquaillons et d’autres débris.

    C’est aussi dans ces milieux que les crapauds se mettent à l’abri du gel pour passer l’hiver. Ils peuvent occasionnellement rentrer dans les caves des habitations à cette occasion.

    Pour favoriser cette espèce :

    • Aménagez une mare naturelle.
    • Aménagez un tas de bois mort.
    • Construisez un pierrier ou un mur en pierre sèches.
    • Fauchez tardivement en fonction des phases du cycle de vie de l'espèce.
    • Clôturez votre terrain en gardant des accès pour la faune.
    • Réduisez la prédation de votre chat et gardez-le à l'intérieur en période de migration des batraciens si vous vivez dans une zone concernée.
    • Participez au sauvetage des batraciens en période de migration.
    • Proscrivez les pesticides, en particulier les insecticides et les anti-limaces (à base de métaldéhyde).
    • Évitez les "pièges" mortels : puits perdus, vides techniques, rigoles bétonnées abruptes, bouches d'égouts... 
    Attention : crapauds en goguette !

    En période de migration pré-nuptiale, les amphibiens affluent par centaines vers les mares et étangs. Une hécatombe lorsqu'ils doivent traverser des routes. Il est possible d'aménager l'espace public pour faciliter leur traversée, avec des "crapauducs". 

    À défaut, des opérations de sauvetage sont mises en œuvre par des bénévoles sur les sites les plus problématiques.


    Gérez les plans d'eau et leurs abords

    Les travaux d'entretien des mares et étangs, mais aussi de leurs abords, doivent être réalisés à la bonne période, de manière à réduire l'impact sur les populations de batraciens. 

    L'idéal est de travailler à l'automne, en octobre et jusqu'avant les gelées, lorsque les crapelets ont quitté la pièce d'eau ; à cette période, il n'y a plus de têtards et les différents insectes aquatiques ont fini leur développement. Les animaux encore présents sont normalement en capacité de fuir au besoin.

    • Contrôlez annuellement la végétation (semi-)aquatique et l'envasement (plantes en décomposition, feuilles mortes) pour garder un point d'eau accueillant et ensoleillé.
    • Limitez les feuilles mortes dans la mare pour éviter l'asphyxie des animaux qui y passent l'hiver (leur décomposition limite la teneur en oxygène).
    • Limitez l'emprise du dragage (retrait de la vase) en préservant toujours une zone refuge (20 à 30% de la surface en eau).
    • S'il y a plusieurs mares ou étangs, alternez les interventions en rotations annuelles pour garantir différents stades de végétation (mosaïque d'habitats).
    • Fauchez les abords des mares et étangs avec prudence, à la barre de fauche et à une hauteur supérieure à 10 cm.
    • Maintenez un corridor en fauche tardive entre la zone humide et les refuges des crapauds adultes (tas de bois, massifs boisés...)
    • Ne fauchez pas plus des 2/3 du périmètre des mares et étangs.
    • Ne fauchez pas pendant la période d'émergence des juvéniles (de mi-mai à fin juin).
    • Évitez de tondre les pelouses aux abords des mares naturelles.
    Vue sur une mare naturelle dans un pré fleuri
    © H. Caulier, Bruxelles Environnement
    © Rudmer Zwerver, Saxifraga