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Une initiative deBruxelles Environnement

Chapitre V : Menaces sur la nature

A Bruxelles comme partout dans le monde, différentes menaces pèsent sur la nature. Artificialisation des sols provoquant la fragmentation des habitats des espèces, pollutions diverses, changements climatiques et espèces exotiques envahissantes sont les grandes causes de la chute de la biodiversité.


Consultez le rapport 2022 (non mis à jour en 2024) au format .PDF
Oie d'Egypte avec ses petits © F.Didion, Bruxelles Environnement

La fragmentation des habitats

À Bruxelles, la construction de nouveaux bâtiments et d’infrastructures telles que des routes constitue la première menace sur la biodiversité. L’urbanisation provoque une perte de territoire pour les espèces sauvages qui sont en manque d’habitats, mais aussi de connectivité pour assurer les échanges génétiques, migrer, trouver des ressources alimentaires, etc.

La carte de fragmentation 2022 des habitats établie sur base de la carte d’évaluation biologique (ouverture des îlots – données 2020) et des niveaux de bruit (trafic routier – données 2016) montre clairement que les grands axes constituent des obstacles à la circulation des espèces.

  • La connectivité spatiale entre les espaces verts est moindre dans les zones centrales où la plupart des espaces végétalisés sont constitués de jardins en intérieur d’îlots fermés.
  • Mais la fragmentation est aussi problématique dans la couronne verte de la Région, notamment en forêt de Soignes (routes, ligne de chemin de fer).
  • La carte de localisation des animaux sauvages victimes du trafic montre une forte corrélation avec les axes routiers et ferroviaires. Les premières victimes sont des espèces à déplacement lent comme la grenouille rousse, le crapaud commun et les tritons. Le renard roux est en troisième position du classement. Le mois de mars est celui où la mortalité est la plus élevée.
  • La pollution lumineuse (cf. page La pollution lumineuse) peut également constituer un obstacle au déplacement des espèces qui fuient la lumière (lucifuges).
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Faune victime du trafic © Observations.be
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Carte de fragmentation des habitats © Bruxelles Environnement

Carte interactive : Fragmentation des espaces verts (2008)

Carte interactive : Niveau de bruit du trafic routier

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© F. Didion, Bruxelles Environnement

Les espèces exotiques envahissantes

Rien que pour l’Union européenne, on estime que la présence des espèces exotiques envahissantes coûterait entre 12 et 20 milliards d’euros par an en pertes économiques et frais de gestion, notamment pour financer les mesures de restauration des milieux. Les espèces exotiques envahissantes constituent aussi une menace sur les espèces indigènes (p. ex. compétition pour la nourriture ou les sites de reproduction, diffusion de pathogènes…) et peuvent être à l’origine de problèmes pour la santé humaine (p. ex. brûlures provoquées par la berce du Caucase).

Une liste de 88 espèces préoccupantes a été établie à l’échelle européenne en 2016. Parmi ces 88 espèces, 20 sont présentes à Bruxelles. Des plans de gestion doivent être établis pour ces espèces.

Outre la liste européenne, l’Ordonnance du 1er mars 2012 relative à la conservation de la nature comporte une annexe listant 28 espèces d’animaux et 46 espèces végétales exotiques préoccupantes. 53 de ces espèces ont été observées sur le territoire régional, dont 39 ne figurant pas dans la liste européenne.

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    Famille d'Ouettes d'Egypte © F. Didion, Bruxelles Environnement
    • La tortue de Floride est devenue le reptile le plus commun et la grenouille rieuse est l’amphibien ayant le plus progressé entre l’atlas 1985-2003 et l’atlas 2004-2019.
    • 27,8 % des oiseaux d’eau dénombrés au printemps sont des espèces exotiques.
    • L’ouette d’Egypte, espèce de la liste européenne, est en croissance de 8 % en moyenne par an et de 1029,7% entre 1992 et 2023.
    • Si le groupe des espèces d’oiseaux exotiques est en croissance (+ 6,9% par an) sur le long terme (1992-2023), il semble se stabiliser sur les 10 dernières années (-0,2%, tendance incertaine).
    • Parmi les plantes préoccupantes, la berce du Caucase, la renouée du Japon ou le cerisier tardif peuvent avoir un impact non négligeable en affaiblissant localement la flore indigène.
    • Des insectes exotiques comme le frelon asiatique, déjà bien implanté à Bruxelles, et le moustique tigre peuvent générer des problèmes pour l’environnement ou sanitaires.

    Carte interactive : Espèces exotiques envahissantes

    Inflorescence de Berce du Caucase © Stijn Van Onsem de VMM

    Les changements climatiques

    En Belgique, la température annuelle moyenne a déjà augmenté de 2,3°C depuis l’ère industrielle et on estime que l’augmentation pourrait atteindre entre + 2,6°C et +3,5°C d’ici la période 2070-2100. Des changements dans les précipitations, les périodes de sécheresse et de vagues de chaleur sont déjà visibles et amenés à s’intensifier. Face aux changements, les espèces ont trois options : se déplacer, s’adapter ou disparaître.

    Les conséquences sur la nature se font déjà sentir, aussi à Bruxelles

    • Des espèces plus méridionales s’installent chez nous : depuis plusieurs années, de nouvelles espèces de libellules (leste sauvage, agrion mignon, sympetrum méridional et sympetrum à nervures rouges), vraisemblablement remontées du sud, sont observées à Bruxelles. C’est aussi le cas de l’araignée argiope frelon. Plusieurs espèces d’abeilles sauvages sont aussi soupçonnées d’avoir étendu leur aire de répartition jusque chez nous.
    • Des cycles végétatifs ou de reproduction s’accélèrent : l’éclosion des bourgeons survient 5 à 15 jours plus tôt qu’il y a 50 ans en Belgique.
    • Des changements peuvent se manifester dans les interactions entre espèces (relations proies-prédateurs, décalage entre l’apparition d’une fleur et de son insecte pollinisateur, etc.) ; en Belgique, le gobemouche noir ne rentre plus assez tôt de migration pour bénéficier du pic de nourriture printanier, devenu plus précoce. L’espèce est en déclin.
    Argiope frelon © Getty images
    • En forêt de Soignes, le hêtre, mais aussi le chêne pédonculé et l’érable sycomore sont mis en péril à l’horizon 2100 par l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses printanières et des canicules estivales.
    • L’implantation de certaines espèces exotiques envahissantes peut être favorisée par ces changements : cela pourrait être le cas pour le moustique tigre, signalé pour la première fois à Bruxelles en 2023.
    • Des espèces indigènes sources de problèmes écologiques ou sanitaires comme les tiques ou la chenille processionnaire du chêne, présentes sur tout le territoire belge, peuvent également proliférer.
    • La qualité des eaux de surface peut être impactée par les sécheresses ou les inondations, ce qui impacte aussi les organismes vivant dans les étangs et cours d’eau (cf. page Qualité biologique des eaux de surface et espèces aquatiques).
    Sympetrum meridional © Pjt, CC BY-SA 3.0

    La pollution lumineuse

    La pollution lumineuse est définie comme la présence nocturne anormale ou gênante de la lumière issue de l’éclairage artificiel, occasionnant des nuisances pour la faune, la flore et les écosystèmes. Elle est aujourd’hui clairement établie comme perturbation importante pour la nature. La Belgique est le pays européen le plus pollué par la lumière artificielle, après Malte et les Pays-Bas, avec une tendance à la hausse de 1,39 % par an en moyenne. La lumière artificielle nocturne impacte tous les groupes d’espèces de la faune et de la flore, de manière différente.

    Cartographier les obstacles lumineux à la circulation des espèces

    Bruxelles Environnement a fait réaliser en décembre 2018 une toute première carte de la pollution lumineuse et répartition des espèces lucifuges (qui fuient la lumière) pour la Région.

    Cette carte, réalisée dans le cadre d’une étude qui analyse et interprète les résultats du monitoring des chauves-souris, constitue une première image qui permet d’appréhender l’amplitude du problème. Une méthodologie doit encore être élaborée afin de cartographier toutes les zones à enjeux de la Région sur base de cette première analyse.

    Eclairage rouge-orangé au Rouge-Cloître © Sibelga
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    Carte de luminosité nocturne © Bruxelles Environnement

    La Région bruxelloise est active sur trois projets expérimentaux d’adaptation de la lumière artificielle nocturne considérée comme moins nuisible pour les chauves-souris

    • Rouge-Cloître : un éclairage rouge-orangé a été installé en 2016 dans la rue du Rouge-Cloître (partenaires : la commune d’Auderghem, Sibelga, Bruxelles Environnement).
    • Plateau de la Foresterie : éclairage rouge-orangé installé (partenaires : la commune de Watermael-Boitsfort, Sibelga, Bruxelles Environnement).
    • « Bat Light District » de Jette : depuis le mois d’avril 2021, une trentaine de luminaires de l’avenue du Sacré-Cœur à Jette sont équipés d’un éclairage nocturne orangé, une primeur en milieu résidentiel à Bruxelles. Le projet a pour objectif d’améliorer les connaissances de l’activité des chauves-souris dans des quartiers urbanisés situés entre des sites Natura 2000 (partenaires : commune de Jette, Sibelga, Bruxelles Environnement, Plecotus-Natagora). Pour ce faire, une méthodologie spécifique de monitoring des chauves-souris est testée.