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Une initiative deBruxelles Environnement

Des radeaux végétalisés sur le canal de Bruxelles

Les avez-vous remarqués ? Sept radeaux végétalisés flottent le long du ponton de la capitainerie du Port de Bruxelles. Leur but ? Recréer des habitats de berges fonctionnels et ainsi offrir des zones refuges à la faune sur et sous l’eau.
C’est aussi une façon de sensibiliser plus largement à la biodiversité.

Caractéristiques générales

Projet Végétalisation
Surface renaturée (m²) 224 m² au total répartis en 7 modules
Maître d'ouvrage Autre administration
Port de Bruxelles (Convention avec Bruxelles Environnement)
Biotopes Cours d’eau
Canal
Paysages Ville d'Eau
Accessibilité au public oui
Espèce(s) cible(s) Petites bêtes • Oiseaux • Reptiles et amphibiens • Poissons
Carpes communes, éponges d'eau douce, crevettes caridine de Desmaret, anguilles européennes, odonates, musaraignes, canards colvert, poules d'eau.
Conception et réalisation ECORCE, Facilitateur nature de Bruxelles Environnement (étude de faisabilité), BIOMATRIX (fabrication des radeaux), ECOCEAN (assemblage), Canal it up (entretien)
Coût 170.000 €
Financement Port de Bruxelles, soutien du Facilitateur nature de Bruxelles Environnement
État du projet Fini
Adresse B.R.Y.C., Chaussée de Vilvorde, 1020 Bruxelles, le long du ponton visiteurs du Brussels Royal Yacht Club
Evaluation des bénéfices pour la nature et la biodiversité Oui

Pour accueillir les oiseaux et les insectes sur le Canal

Bruxelles Environnement et le Port de Bruxelles ont inauguré, en avril 2022, des radeaux végétalisés sur une surface de 224 m² en plein cœur urbanisé de la ville. Près du pont Van Praet, les modules recouverts d’une quinzaine de plantes, dont certaines favorables aux pollinisateurs, vont venir renforcer le “corridor écologique” qu’est le Canal de Bruxelles.

Les chiffres clés
  • 17 plantes palustres d’origine locale dont l’iris des marais, emblème de la Région. 
  • Une vingtaine de cages immergées

Des îles flottantes, refuges de nature au cœur de la Ville dense

L’installation de ces radeaux végétalisés répond à un besoin très concret : le canal est un milieu artificialisé. De ce fait, il compte peu de zones refuges pour la faune aquatique et, en particulier des zones calmes et protégées pour la ponte et le développement des jeunes poissons.

Les îles flottantes, créées à base de fibres de coco, servent également de zones de repos et de ressources sur l’eau pour les oiseaux et les insectes. L’assemblage est composé de modules de culture adaptés aux plantes semi-aquatiques. Immergés sous les radeaux, une vingtaine de caissons remplis de coquilles d’huîtres ont été fixés pour encourager la reproduction des poissons. Ces caissons constituent également une protection contre les prédateurs ainsi qu’une source de nourriture pour les très jeunes poissons. Pour éviter la colonisation des radeaux par le crabe chinois, une espèce exotique envahissante, ces derniers ont été éloignés du quai.

© Port de Bruxelles
© Ecorce

Deux écoles participent au projet

Dans le cadre d’une activité de sensibilisation organisée par l’asbl Canal it Up, 28 enfants de 2 écoles primaires bruxelloises, l’École 3 à Schaerbeek et l’École Arc-en-ciel à Saint-Josse, ont participé à la réalisation des radeaux avant leur mise à l’eau.

Premiers résultats encourageants

Premier suivi écologique et technique

Environ 1 an après l’installation des radeaux, différents suivis écologiques et techniques ainsi que des opérations d’entretien des structures ont été effectués.
Verdict ?

Après quelques mois, la végétation haute s’est magnifiquement développée. Le premier suivi complet effectué par Ecocean le 7 juin 2023 a permis de recenser les végétaux et les animaux sur les radeaux et les structures immergées. Le relevé visait à déterminer la présence/absence des espèces implantées initialement ainsi que les espèces ayant colonisé spontanément les radeaux.

Flore

  • Toutes les espèces plantées (17) se sont bien installées à l’exception de la véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga) qui a déserté les radeaux. 2 autres n’ont tenu que sur 1 radeau (le jonc fleuri, Butomus umbellatus et la sagittaire à feuilles en flèche, Sagittaria sagittifolia). Ces trois plantes ne sont donc pas adaptées aux conditions du Canal.
  • 11 nouvelles espèces ont colonisé les radeaux naturellement. Lors des entretiens des radeaux, différentes espèces ont été retirées comme des ligneux ou des espèces exotiques envahissantes (la vergerette du Canada, Erigeron canadensis, et le bident feuillu (Bidens frondosa). Ces espèces colonisatrices représentent entre 13 et 33% de la richesse spécifique totale de chaque radeau.
  • Outre l’évaluation des espèces qui « fonctionnent ou pas » sur le Canal, le suivi a permis d’évaluer le développement racinaire sous les radeaux.

Faune

  • En ce qui concerne la faune aquatique, le suivi a permis d’observer des pontes de carpe commune (Cyprinus carpio) et des éponges d’eau douce, fixées sur les structures immergées. Etaient aussi présentes la crevette caridine de Desmarest (Atyaephyra desmarestii) et, en très grand nombre, une espèce de gammare exotique envahissante. Enfin, la découverte de deux jeunes anguilles européennes (Anguilla anguilla) est plutôt prometteuse pour cette espèce placée sur la liste rouge IUCN. Le crabe chinois n’a pas été observé sur les radeaux. Si le gammare exotique s'avère être une menace pour d'autres espèces de gammares (indigènes), il constitue un stock de nourriture important pour les alevins de poissons.
  • Deux espèces d'Odonates ont été observées sur les radeaux, une musaraigne, ainsi que les restes d'un nid de canard colvert et des poussins de gallinule poule-d‘eau. Des ouettes d’Egypte (Alopochen aegyptiaca) ont également été observées aux abords des radeaux et sur les ducs d’albe adjacents, ainsi que des bergeronnettes grises (Motacilla alba).

Suivi technique

Au niveau technique, les 7 radeaux doivent être soigneusement inspectés afin de détecter tout signe d’usure des matériaux, notamment des fixations.

Un "contrôle technique" qui vise à vérifier :

  • la bonne flottabilité des modules et l’état des attaches entre ceux-ci ;
  • l'état des Biohuts et des câbles de suspension ;
  • les amarres des radeaux, partie la plus sollicitée des structures par le passage des bateaux (énergie des vagues) ;
  • l’état de corrosion du matériel, l’état des manilles et des chaînes.

Les contrôles et opérations de maintenance réalisés ont montré que les structures choisies et mises en place, ainsi que leur type de fixation, sont très bien adaptées à l’installation. Et ce, malgré des conditions particulières liées au passage très réguliers de très gros bateaux porteurs. A part quelques points de frottement qui ont été réduits ou supprimés, les structures des radeaux ne montrent pas de signe de faiblesse ou d’usure anormale. Les amarres principales qui empêchent les radeaux de se retrouver au milieu du canal sont en parfait état. Les amarres latérales de maintien et les pattes de fixation latérales sont, par contre, des points de vigilance à contrôler annuellement, mais ils ne constituent en aucun cas un risque de désamarrage des radeaux. L’inspection a permis de détecter quelques points d’attention et un défaut de fabrication de 2 Biohuts.

Sur 3 des 7 radeaux, les grillages et piquets de protection ont été retirés afin de donner un accès libre aux oiseaux et de voir si cela pouvait entraîner des conséquences sur la végétation. Le substrat en fibre de coco se décompose à certains endroits, ce qui est normal. Il est compensé par le dépôt des parties sèches de la végétation à la surface des radeaux.

Les installations sont suivies régulièrement, notamment pour vérifier les ancrages.

Vers une extension du projet ?

Cette première évaluation du projet étant positive, l’installation de 440 m² supplémentaires de radeaux végétalisés sur le Canal est actuellement à l’étude.

Des radeaux végétalisés ont également été installés aux étangs Mellaerts et sur l’étang des Pêcheries.

© Port de Bruxelles

Mesures du Plan régional nature mises en œuvre par ce projet

Découvrez comment ce projet s'inscrit dans la cadre du Plan Régional Nature, en contribuant de manière significative à une ou plusieurs de ses mesures clés.

Le suivi de ces mesures est réalisé par Bruxelles Environnement et permet d'évaluer la bonne mise en oeuvre du Plan.

Mesure 2 : Renforcer la présence de nature au niveau des espaces publics.

Prescription 1 : Mener des projets exemplaires de végétalisation/déminéralisation des espaces publics.

Attentes :

  • Réalisation d’un projet exemplaire et reproductible.
  • Collaboration avec les acteurs régionaux (Port de Bruxelles), sensibilisation, formation des acteurs partenaires.
  • Renforcement des continuités vertes et bleues, dans la zone du canal qui est un pôle de développement prioritaire.

Mesure 12 : Développer et mettre en œuvre des plans d'aménagement et de gestion écologique des espaces associés aux infrastructures de transport.

Prescription 1 c : Proposer au Port de Bruxelles une démarche de collaboration en vue d’une gestion écologique du Canal et de ses berges.

Attentes :

  • Expérimenter une méthode de végétalisation au niveau d’une structure particulièrement défavorable (berges minéralisées du canal) avec un grand potentiel d’extension pour ce type d’infrastructures.
  • Encourager une gestion écologique des infrastructures de transport.

Mesure 17 : Améliorer la perméabilité à la faune des infrastructures de transport.

Prescription 3 : Améliorer le potentiel de biodiversité du Canal et de ses abords.

Attentes :

  • Renforcer le rôle de couloir écologique du Canal pour la faune associée aux milieux humides et aquatiques.
  • Améliorer la perméabilité transversale du Canal à la faune et à la flore par un aménagement de qualité de ses berges.

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