Installez et entretenez une toiture végétalisée
Une toiture végétalisée embellit la ville, contribue à l'isolation énergétique du bâti et atténue les ilots de chaleur, tout en fournissant un milieu d’accueil intéressant pour le développement de la biodiversité et pour la gestion des pluies courantes. Découvrez les clés d'une toiture verte riche en vie !
Optez pour une toiture belle et utile !
Une toiture végétalisée peut se décliner selon les besoins et les objectifs du projet : elle peut être conçue comme un espace vert accessible, associée à des dispositifs de gestion intégrée des eaux de pluie (GiEP), ou encore contenir un substrat suffisamment épais pour une isolation optimisée du bâti ou pour permettre la plantation d’arbres et d’arbustes afin de répondre à des enjeux climatiques. Dans tous les cas, c'est un gain environnemental très clair par rapport aux toitures plates en bitume ou en gravier ! Tout en amenant une esthétique bien plus agréable !
Infos techniques
Choisissez votre toiture végétalisée
Quels éléments considérer pour végétaliser votre toiture ?
Si les toitures vertes doivent être le plus souvent possible envisagées, quelques conditions s'appliquent toutefois pour pouvoir en installer.
Deux conditions indispensables pour une toiture végétalisée :
- Une pente de toiture inférieure à 45° (= pente de 100 %).
- Une dalle de toiture qui permet de reprendre au minimum 30 kg/m² de charges occasionnées.
Considérez également les éléments suivants :
- Les obligations réglementaires régionales (RRU, végétalisation obligatoire dès 100 m2) ou locales (PPAS, PAD).
- La charge maximale occasionnée pouvant être reprise par la dalle de toiture.
- La résistance à la compression de l’isolant en toiture.
- Le volume à gérer en toiture pour assurer la gestion intégrée des eaux pluviales sur la parcelle.
- Les besoins en isolation thermique et acoustique.
- L’accessibilité pour les entretiens futurs (accès par le bâtiment, par un pignon, stationnement possible pour une nacelle télescopique, dispositifs de sécurité, etc.).
- La densité bâtie : l'intérêt global est plus grand dans un contexte fortement urbanisé, où la pleine terre manque, mais dans tous les cas la végétalisation des toitures atténue les effets de l'urbanisation.
- La concurrence ou la synergie avec d’autres installations : panneaux photovoltaïques, récupération des eaux pluviales, etc.
- Les toitures végétalisées requièrent des dispositifs spécifiques pour acheminement et l'entretien des végétaux tels que ligne de vie et garde-corps qu'il convient de considérer en amont.
Quel type de toiture végétalisée envisager ?
La charge maximale occasionnée pouvant être reprise par la dalle de toiture de votre bâtiment restreint votre choix du type de toiture végétalisée :
Boostez la biodiversité
L'intérêt des toitures végétalisées pour l'accueil de la biodiversité dépend de nombreux facteurs : épaisseur, nature et granulométrie du substrat, surface de la toiture, exposition au soleil et au vent, hauteur du bâti, disponibilité en eau, type et diversité de la végétation, perturbations éventuelles, proximité avec des espaces verts ou naturels... Une série d'études amène des indications sur les principes-clés pour une toiture vivante.
- Privilégiez les toitures semi-intensives et intensives : l'épaisseur de substrat est un des facteurs les plus marquants pour favoriser la faune, car les plantations peuvent y être plus variées.
- Jouez sur une variété de granulométries : par exemple, les abeilles ont des besoins et préférences variables, les petits halictidés préfèrent les substrats sableux, tandis que les andrénidés aiment les substrat argileux et profonds.
- Composez l'aménagement en suivant les principes pour offrir le gîte et le couvert aux abeilles, avec une diversité de matériaux et de plantes à fleurs. Cela profitera à tous les insectes.
- Augmentez les surfaces : plus les toitures végétalisées sont grandes, plus elles sont attractives ! Il peut s'agir notamment d'une meilleure retenue de l'eau et résistance à la sécheresse. Néanmoins, le nombre important de petites toitures plates en ville devrait nous amener à les végétaliser systématiquement afin de profiter de leurs surfaces cumulées.
- Sur les toitures intensives, adoptez une gestion par fauche, favorable à la diversité d'hyménoptères.
- Envisagez d'intégrer un système d'arrosage, qui pourra être utilisé ponctuellement en période de sécheresse. L'arrosage des toitures permet de conserver la végétation, un facteur positif pour l'ensemble des arthropodes.
Aménagez une toiture végétalisée
Protégez le bâtiment
La couverture de la toiture du bâtiment doit systématiquement comporter une étanchéité (point 6 sur le schéma) qui doit être relevée de 15 cm au-delà du niveau visible du substrat (cf. NIT 244, Buildwise).
L’étanchéité peut être réalisée en matériaux synthétiques (EPDM, etc.), en bitumes polymères sans herbicides, ou en liquides issus de produits polymères (polyuréthane, polyester, résines, etc.).
Lorsque l’étanchéité n’est pas considérée comme anti-racine, ou lorsque les jonctions de l’étanchéité ne peuvent être correctement réalisées, il est obligatoire de prévoir la pose d’une membrane anti-racine (point 5 sur le schéma) au-dessus de l’étanchéité.
La présence d’une étanchéité anti-racine ou d’une membrane anti-racine permet de limiter fortement les risques de dégradation de l’étanchéité et de dégâts sur la dalle de toiture. Le choix de plantes adaptées au substrat permet aussi de limiter le risque de dommages.
Avec ces dispositifs, la toiture végétalisée augmente significativement la durée de vie de l'étanchéité de la toiture par rapport à une situation classique ! La protection conférée contre les UV et les écarts thermiques permet de doubler la durée de vie par rapport à une toiture gravier conventionnelle (40 ans contre 20 ans).
Sécurisez l’accès à la toiture et à ses abords immédiats
Vous devez prévoir les dispositifs nécessaires pour assurer la sécurité du personnel ouvrier lors de la mise en œuvre et de l’entretien, conformément au Code du bien-être au travail et au Guide de bonnes pratiques pour l’application de la directive européenne 2001/45/CE :
- Équipement de protection collectif (EPC) : garde-corps (droit, penché ou pliable) et/ou nacelle en étant munie.
- Équipement de protection individuel (EPI) : casque et gants, ceinture abdominale de sécurité, dispositif antichute / absorbeur d’énergie. En l’absence d’EPC, une ligne de vie est requise.
Au quotidien, la toiture végétalisée doit être "sécurisée" pour garantir la sécurité des usagers des abords de la toiture végétalisée :
- Haubans pour assurer la stabilité des arbres et arbustes plantés.
Sélectionnez un substrat approprié
Le type de substrat et son épaisseur doivent notamment être définis afin de ne pas dépasser la charge maximale pouvant être reprise par la toiture.
Lorsqu’une toiture intensive ou une toiture semi-intensive peut être envisagée (à vérifier en fonction de la charge maximale reprise par la toiture), il est possible de prévoir des teneurs en matière organique adaptées qui répondent aux exigences des plantations prévues.
Lorsque cela n’est pas envisageable et que la toiture ne peut pas être entièrement semi-intensive ou intensive, des solutions spécifiques peuvent être envisagées en collaboration avec un ingénieur en stabilité afin de planter ponctuellement des arbustes ou de petits arbres sur une toiture extensive ou semi-intensive. De sorte à compenser la plantation d’un arbre en termes de charge induite, il est par exemple possible d’opter pour un substrat très léger (p.ex. mélange de pierre de lave légère, pierre ponce naturelle, xylite et compost) ou, si cela n’est pas suffisant, de prévoir des plaques de polystyrène expansé (EPS ou frigolite).
Le substrat, s’il est trop alcalin ou acide, limitera la gamme d’espèces que vous pourrez planter. Veillez donc à prévoir un substrat relativement neutre afin qu’il convienne à une large gamme de plantes ou prévoyez des plantations de sols acides ou basiques. Une diversité de substrat permet également d'accueillir une diversité de plantes, et donc de faune.
Prévoyez des plantes adaptées, diversifiées et intéressantes pour le développement de la biodiversité
Quelques conseils-clés permettent d'optimiser la vigueur, la durée de vie et l'esthétique de votre toiture verte :
- Optez pour des plantes tolérant la sécheresse, surtout lorsqu’aucun système de rétention ou d’arrosage automatisé (idéalement à l’eau pluviale) n’est prévu. Prévoyez donc des plans de plantation en conséquence avec l’aide de professionnels.
- Prévoyez des plantations adaptées au type de toiture végétalisée que vous envisagez (épaisseur de substrat).
- Prenez l’exposition de votre toiture végétalisée en compte pour vous assurer de la réussite des plantations.
Votre toiture peut en outre jouer un rôle important dans le développement de la nature en ville, pour mettre toutes les chances du côté de la biodiversité :
- Diversifiez les espèces, peu importe l’épaisseur du substrat de votre toiture végétalisée.
- Prévoyez des espèces indigènes ou conseillées avec des floraisons intéressantes pour les pollinisateurs et portant des fruits.
- Aménagez une "toiture sauvage" : diversifiez les milieux (zones sèches, tas de bois, différentes épaisseurs de substrat, zone humide, etc.)
- Sur les toitures les plus intensives, diversifiez les strates végétales, avec différentes hauteurs de végétation, et créez des transitions harmonieuses entre herbacées, arbustes et petits arbres.
Types de plantations possibles selon l'épaisseur de substrat
Exemples de plantes à envisager
Plantes pour toitures végétalisées avec ensoleillement total ou partiel
Sur toitures extensives :
- Plantes succulentes : orpin âcre (Sedum acre), orpin bâtard (S. spurium), orpin blanc (S. album), orpin doux (S. sexangulare)
- Herbacées : vipérine commune (Echium vulgare), luzerne lupuline (Medicago lupulina), millepertuis perforé (Hypericum perforatum), arabette des sables (Cardaminopsis arenosa), bec de cigogne (Erodium cicutarium), gazon d'Espagne (Armeria maritima), etc.
- Herbacées : centranthe rouge (Centranthus ruber), origan (Origanum vulgare).
- Petits arbustes : romarin (Rosmarinus officinalis), thym serpolet (Thymus serpyllum), hysope (Hyssopus officinalis), lavande (Lavandula sp.), etc.
- Arbustes et arbres de 3ème grandeur : aubépine à deux styles (Crataegus laevigata), troène commun (Ligustrum vulgare), cornouiller mâle (Cornus mas), variétés de charme (Carpinus betulus) à forme contenue, etc.
Plantes pour toitures végétalisées ombragées
- Plantes succulente : Orpins (Sedum spectabile ; Sedum takesimense, Sedum ternatum)
- Plantes herbacées : Bugle rampante (Ajuga remptans), fougères (Asplenium scolopendirum, Blechnum spicant ; Polystichum setiferum), hostas (Hosta sp.), heuchères (Heuchera sp.) et autres.
Un peu de patience ! Notre "hôtel des plantes" s'étoffe et se complètera en particulier pendant l'année 2025. Il vous permettra de chercher des plantes adaptées à une diversité de situations.
Gérez la pluie avec votre toiture
Votre toiture végétalisée permet de ralentir le ruissellement des eaux pluviales et facilite la gestion intégrée des eaux pluviales (GiEP) sur votre parcelle. C'est une bonne nouvelle !
À partir d’un substrat de 10 cm, une toiture à la capacité d’absorber et de de permettre l’évapotranspiration des pluies fréquentes (jusqu’à 8 mm d'eau). Sur une année, ces toitures peuvent donc gérer près de 80 % des évènements pluvieux bruxellois (évalué sur base des moyennes des données pluviométriques de 2012-2021 sur flowbru.be).
Afin d’assurer ces performances d’évapotranspiration et la survie des plantes, il est indispensable de prévoir une réserve utile d’eau suffisante dans la couche stockante sous le substrat (voir ci-dessous).
Vous avez la possibilité d’opter pour une toiture intensive de min. 80 cm d’épaisseur (par exemple en construction neuve) ? Cette toiture intensive permettrait de gérer plus de 60 % d’une "pluie centennale". Il resterait donc moins de 40 % à gérer dans un dispositif de GiEP (p.ex. jardin de pluie) pour assurer la gestion intégrée des eaux de pluie sur votre parcelle.
Ci-dessous, le tableau reprenant les hauteurs (H) des lames d’eau pouvant être absorbées en fonction du type de toiture végétalisée permet de voir que plus le substrat est épais, plus la hauteur de lame d’eau évapotranspirée/gérée est importante et qu’une toiture extensive joue aussi un rôle dans la gestion intégrée des eaux pluviales.
- Une "pluie centennale" (ou avec un temps de retour de 100 ans, ou TR100) est l'équivalent d'un épisode pluvieux d’une durée de 4 heures amenant 60 mm d'eau, ce qui se produit en moyenne tous les 100 ans.
- Le "temps de retour" (TR) désigne la période statistique moyenne en années entre deux épisodes pluvieux d'une intensité donnée. Il permet de caractériser la fréquence à laquelle un événement météorologique extrême se produit en moyenne. Par exemple, une TR10 correspond à une pluie forte qui survient en moyenne une fois tous les 10 ans, tandis qu'une TR20 se réfère à un événement similaire se produisant en moyenne tous les 20 ans.
- Les quantités d'eau de pluie sont généralement exprimées en millimètre (mm). Le nombre de millimètres correspond au nombre de litres d'eau par mètre carré (l/m²), puisqu'un litre d'eau étalé sur un mètre carré crée une lame d'eau d'un millimètre de hauteur. Lorsque votre application météo prévoit 2 mm de pluie en 10 minutes, il s'agit donc de 2 litres par mètre carré en 10 minutes (ou, à intensité constante, 12 litres par heure).
Capacité d’absorption des eaux pluviales selon le type de toiture végétalisée
Prévoyez une nappe stockante ou un tapis drainant
Votre toiture végétalisée doit systématiquement inclure une couche stockante/drainante. Prévoyez celle-ci au-dessus de la couche d’étanchéité avec anti-racine et sous le substrat de plantation.
Selon le produit choisi (marque et fournisseur), la nappe ou le tapis n'intègre pas nécessairement une couche filtrante (géotextile). Lorsque ce géotextile n’est pas inclus, prévoyez celui-ci.
Choisissez la bonne solution, selon votre type de toiture végétalisée et les usages qui y sont prévus :
Entretenez votre toiture végétalisée
Optez pour un entretien adapté et pour la gestion écologique
Prévoyez minimum 2 visites de contrôle par an sur votre toiture végétalisée (cf. NIT 280 - « La toiture plate », Buildwise), afin de vous assurer du bon fonctionnement des dispositifs. Lors de ces deux visites :
- Contrôlez les avaloirs, crépines, dispositifs de débit régulé, tuyaux de descente d’eau pluviale, gargouilles, profilés, solins, cheminées, etc., et retirez les feuilles mortes, les mousses et tout autre élément non désiré.
- Vérifiez l’état de l’étanchéité.
- Intervenez 1 fois par an (ou plus, selon le type de plantations) pour l’entretien de la végétation en toiture en respectant les principes de la gestion écologique.
L’entretien en gestion écologique de la végétation sur votre toiture végétalisée peut nécessiter entre 1 et 40 interventions par an, selon le type de toiture végétalisée, la configuration du site, les usages prévus, les attentes en termes d’esthétique paysagère et le type de plantations. Cet entretien sera similaire à un entretien réalisé en pleine terre, seuls les moyens d’accès et de logistiques varient.
Le coût de l’entretien selon les principes de gestion écologique est généralement inférieur ou identique au coût d’un entretien en gestion classique.
Les interventions d’entretien doivent être prévues en fonction des types de plantes mis en œuvre (plantes succulentes, couvre-sols, graminées, herbacées dicotylédones, arbustes, arbrisseaux et arbres, etc.).
Des méthodes d’entretien spécifiques doivent donc être adoptées et celles-ci suivront les mêmes principes de gestion écologique que les interventions qui sont réalisées en pleine terre, aux pieds des bâtiments, dans les espaces verts accessibles au public ou dans les jardins privés.
Obligations, interdictions... Que dit la loi ?
Il est obligatoire de :
- Végétaliser les toitures plates (partiellement) inaccessibles de plus de 100 mètres carrés.
- Demander un permis d'urbanisme pour végétaliser une toiture.