Réduisez les risques de collision d’oiseaux
Avez-vous déjà retrouvé un oiseau mort ou inconscient au pied de votre façade ? Il s’est probablement cogné contre une surface vitrée, transparente ou réfléchissante… Heureusement, il existe des moyens pour éviter ces accidents souvent mortels pour nos amis les oiseaux.

Une cause de mortalité négligée
Les surfaces réfléchissantes (vitres, parois à effet miroir, métal poli…) et parois transparentes (abribus, garde-corps, cloisons…), omniprésentes en milieu urbain, sont un danger important pour des milliers d’oiseaux qui s’y cognent, souvent mortellement.
On pense à tort que les tours, gratte-ciels et autres buildings modernes sont une des principales sources de collisions. En réalité, l’essentiel des collisions se produirait à une hauteur modérée, environ la moitié dans du résidentiel classique et l’autre moitié entre 4 et 11 étages.
Cette cause de mortalité des oiseaux a longtemps été sous-estimée, notamment parce que les oiseaux peuvent mourir de leurs blessures internes bien après la collision (hémorragies, commotions, fractures graves et invalidantes, bec brisé, ulcères de la cornée (yeux)...), ou parce que les dépouilles sont emportées rapidement (chats, rats, corneilles…).
Infos techniques
Identifiez les problèmes liés aux surfaces verticales
Les parois transparentes
Les oiseaux, tout comme les humains, s'orientent par la vue. Lorsque l'espace à l'arrière d'une paroi vitrée est aussi clair qu'au devant (souvent le cas pour les parois anti-bruit isolées, les garde-corps vitrés, les abribus, etc.), les oiseaux ne peuvent pas repérer cet obstacle. En tentant de traverser ces espaces transparents, ils entrent en collision avec le verre, souvent à grande vitesse, ce qui entraîne des blessures graves ou mortelles.


Les parois réfléchissantes
Quand l'arrière d'une surface vitrée est plus sombre que l'avant, il peut y avoir un effet de miroir, reflétant alors l’environnement naturel environnant, comme des arbres, des nuages ou des plans d’eau. Cela arrive souvent avec les fenêtres et les façades vitrées Le problème se pose également directement avec les surfaces métalliques polies. Les oiseaux, trompés par ces reflets, ne reconnaissent pas le danger et se dirigent directement vers la paroi.
La lumière
La lumière intérieure qui se diffuse à l'extérieur du bâtiment par les fenêtres, ou l'éclairage extérieur qui se reflète sur les vitres, accentuent les risques de collision, en particulier pendant les périodes migratoires.
Les oiseaux sont attirés par les sources lumineuses, surtout par mauvais temps ou en pleine nuit, ce qui les désoriente et les amène à survoler ou à heurter des zones vitrées éclairées. Ce phénomène, souvent amplifié dans les grandes villes, perturbe également leurs trajets migratoires naturels et augmente leur stress physiologique.


Évitez ce type d'aménagements
Les aménagements qui favorisent la transparence et la réflectance
Dans tout nouvel aménagement ou lors d'un réaménagement, optez pour des choix de conception qui limitent les risques de collision. Évitez donc :
- Les miroirs et effets miroirs à l’extérieur.
- Les parois transparentes isolées dans l'espace ouvert (cloisons, passerelles, garde-corps, murs anti-bruit, "clôtures"…).
- Les angles vitrés et les vitres se faisant face (baies vitrées de part et d'autre du bâti, coins vitrés, passerelles vitrées entre deux bâtiments...).
Évitez la plantation d’arbres trop près des zones vitrées (distance d’une dizaine de mètres minimum). Aux abords directs des bâtiments, préférez des arbustes, haies ou des prairies fleuries, même si le risque de collision reste important (surtout si les surfaces vitrées descendent jusqu'au sol).
La pollution lumineuse
- Limitez les éclairages extérieurs et évitez l’éclairage de mise en valeur des façades.
- Pour les façades d’intérêt, notamment les façades néoclassiques et autres façades classées, privilégiez les éclairages projetés vers le bas, avec extinction nocturne (et limitez l’éclairage des éventuels sites de nidification de la faune du bâti).

Adaptez les surfaces vitrées existantes
Lorsque les surfaces existent et qu'un réaménagement majeur n'est pas envisageable, les risques de collisions peuvent être réduits en diminuant le caractère réfléchissant des parois et/ou en augmentant leur détectabilité. Pour un traitement efficace, le marquage devrait atteindre au moins les 3 premiers étages ET au-moins la hauteur attendue de la végétation adjacente (par sécurité hauteur des arbres attendue à maturité +20%).

- Placez des autocollants anticollision ou des films opaques sur les vitres, posés du côté extérieur de la vitre : placés à l’intérieur, le reflet du vitrage reste prépondérant.
- Pour les motifs, prévoyez des couleurs contrastées, de préférence claires (motif clair sur fond sombre).
- Choisissez si possible des motifs verticaux plutôt qu’horizontaux. Les éléments continus semblent plus efficaces que les points.
- Optez pour des films couvrant l’entièreté de la surface vitrée, ou des motifs bien répartis sur l’ensemble de la surface en respectant les couvertures minimales (voir plus bas le point sur les dimensions).
- Privilégiez les éléments teintés dans la masse aux motifs imprimés, souvent moins résistants à la dégradation par la lumière.
Les films autocollants ont une durée de vie de 5 à 15 ans, selon les modèles et les fournisseurs. Ils devront donc être renouvelés périodiquement pour garantir leur efficacité. Soyez attentif à la pose, et passez par des professionnels qui pourront garantir la qualité de l’installation, notamment l’étanchéité des bords du film.
- Marquez la vitre par sablage (projection de sable à haute pression) ou satinage (altération chimique) pour réduire sa réflexivité.
- Végétalisez la façade avec un système de treillis, à maximum 1 m du bâtiment. Les treilles devraient avoir les mêmes caractéristiques d’espacement que les marquages visuels. Attention toutefois, la végétalisation sans travail sur la réflexion peut augmenter le risque de collisions (en tout cas les premières années) !
- Posez des rideaux clairs, à lanières, des persiennes, des stores, cordons, bandes de plastique – cela ne remplace pas un aménagement structurel si les rideaux et stores sont ouverts.
- Prévoyez des décorations diverses : dessins à la peinture à doigts, décorations marketing au spray (marque de l’entreprise, décoration de vitrines…) ou adhésifs microperforés.
- Installez du grillage , de la tôle perforée, voire un filet à mailles larges. La pose de filets nécessite une attention particulière : ils doivent être plaqués contre les vitres pour éviter que les oiseaux restent piégés, et n’être utilisés que de manière temporaire (par exemple en attendant l’installation d’un dispositif fixe).
- Suspendre des « ficelles » verticales, de 3mm d’épaisseur et de couleur noire, rouge ou orange, peut aussi représenter une solution économique et relativement efficace. Choisissez un matériau résistant aux intempéries.
- Pour les particuliers, sur des petites fenêtres résidentielles, il est possible de recourir à des points adhésifs (noirs, orange ou rouges) d’un diamètre de 1.2 à 2cm.

Ne lavez pas trop vos vitres
Des vitres sales ne réduisent pas significativement le risque de collisions d’oiseaux... Mais, à l’inverse, le lavage des vitres l’augmente temporairement ! Ne lavez pas trop souvent les vitres et procédez de préférence en dehors des périodes d’activité des oiseaux (en particulier la période de reproduction). Une bonne excuse pour paresser un peu !
Optimisez les marquages
Quelles dimensions doivent avoir les marquages ?
- Lignes verticales : 0,3 cm d’épaisseur minimum avec un écart maximal de 10 cm entre-elles .
- Lignes horizontales : 0,5 cm minimum avec un écart maximal de 5 cm.
- Points : 0,9 cm de diamètre minimum avec un écart maximal de 9 cm.
- Marquage artistique : pas d’espace de plus de 5 cm de hauteur et 10 cm de largeur.
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Il n’y a pas de rapport direct entre couverture (de la surface vitrée) et efficacité, cela dépend du type de dispositif : des modèles « hautement efficaces » peuvent fonctionner avec une couverture de 1%.
Néanmoins, la couverture est en général autour de 15% de la surface vitrée (et 20-25% pour les pointillés et marquages peu contrastés type verre dépoli). Pour les points, selon les modèles, une couverture de plus de 10% (en maille très rapprochée) peut se révéler contre-productive et limiter paradoxalement la détectabilité des surfaces.

La pose d’éléments colorés sur le vitrage peut provoquer des variations thermiques dans le verre (entre couleurs claires et foncées), ce qui peut dans certains cas exceptionnels engendrer de la casse, surtout lorsque les motifs sont grands.
Dans le verre classique, cela peut se produire lorsque la différence dépasse 200°C entre parties claires et foncées (le verre trempé résiste à des températures supérieures).
Pour réduire les risques, placez le film à l’extérieur du vitrage (l’aération réduit la température).
Soyez particulièrement attentif à la pose conjointe d’une trame anticollision et de films de protection solaire, qui accroissent cet effet, et encore davantage sur du triple vitrage. Demandez conseil et garantie à votre installateur professionnel.

Favorisez ces aménagements dès la conception
Aménagements à favoriser
Pensez aux matériaux et aux choix architecturaux dès le début du projet ! Cela réduit drastiquement les coûts et améliore l’efficacité des solutions apportées.
Les solutions structurelles sont aussi plus pérennes que les aménagements a posteriori (films et autocollants à remplacer périodiquement).
- Préférez les vitres de fenêtres et les parois de protection (garde-corps, brise-vent) bien visibles grâce à leur texture (translucide, dépolie ou sablée) ou leur forme (bombée, cannelée, nervurée, armée, ou utilisez des briques de verre).
- Limitez la réflexion à 15% maximum (verre non réfléchissant), selon les caractéristiques à demander au fournisseur (ou à spécifier dans la commande).
- Optez pour des vitres et parois préalablement imprimées (en émail dans le verre) avec des motifs personnalisés.
- Placez vos surfaces translucides en retrait plutôt qu’en continuité de la façade, afin de profiter des ombrages et jeux de reliefs procurés par les parties pleines des murs et balcons.
- Privilégiez les fenêtres à croisillons ou structurées aux grandes baies vitrées.
- Si vous souhaitez installer des nichoirs et mangeoires, placez les loin des surfaces vitrées problématiques.
- Diminuez l’usage du verre de manière générale.
Éclairez sans perturber les oiseaux
La nuit, nos bâtiments vitrés laissent échapper une lumière qui perturbe les oiseaux, notamment les migrateurs qui voyagent de nuit. Cela engendre une dépense d’énergie, une déviation de la migration voire, ici aussi, des collisions.
La diffusion de la lumière vers l’extérieur est un réel problème écologique, souvent sous-estimé. Les solutions pour réduire les nuisances sont généralement d’ordre comportemental.
- Occultez les fenêtres par des volets, des stores ou des rideaux épais. Pensez à les fermer dès que les lumières sont allumées ou équipez les volets extérieurs de programmateurs qui garantiront une fermeture quotidienne.
- Privilégiez un éclairage blanc chaud (2700 K ou moins) aux éclairages blancs lumineux et froids.
- Prévoyez l’extinction des locaux inoccupés, en particulier les immeubles non résidentiels (bureaux...), soit sur détecteur de présence, soit manuellement lors d’une ronde de fermeture.
- Éteignez les lumières de mise en valeur des façades et les vitrines et enseignes commerciales après minuit.


Laissez de côté ces supports peu ou pas efficaces
- Les moustiquaires extérieures ; elles réduisent la réflexion des surfaces et peuvent amortir les collisions si elles sont placées à au moins 3 cm de la vitre, mais elles sont rarement maintenues en permanence.
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Les silhouettes de rapaces autocollantes, souvent trop peu nombreuses pour avoir de l’effet. Les oiseaux ne sont pas effrayés par la forme immobile des stickers.
Si vous en utilisez, envisagez-les comme motif contrastant, à placer en densité suffisante (voir plus haut), et pas comme "dissuasif". - Les marquages UV ont l’intérêt d’être invisibles pour les humains, mais la plupart des espèces d’oiseaux ne les détectent pas (chez nous, seuls les laridés, les perruches et certains passereaux, hors corvidés, peuvent les voir) et ceux qui les détectent n’utilisent probablement pas cette faculté en vol. L’intensité du marquage dépend aussi de l’intensité de l’ensoleillement (hauteur du soleil, nébulosité…), le dispositif est donc moins fonctionnel sur les façades ombragées, dans un milieu fort arboré ou encore, plus généralement, lors des journées sombres.
- Les fines lignes tracées au laser sur les vitres n’ont pas démontré d’efficacité : les rayures sont généralement trop fines pour se démarquer visuellement.
- Les marquages partiels qui laissent de grandes zones non marquées.
- Les films de protection solaire, qui ont souvent un effet miroir renforcé.
- Le verre teinté, qu’il soit transparent ou réfléchissant, n’a aucun impact sur la détectabilité par les oiseaux.
- La végétalisation des façades peut augmenter les risques de collisions – il faut donc la concevoir intelligemment et en association avec d’autres dispositifs anti-collisions.