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Une initiative deBruxelles Environnement

Identifiez si un sol est pollué

Vous voulez cultiver des légumes ou des fruits ou juste effectuer une plantation ? Pour avoir une production saine et savoureuse, renseignez-vous sur la qualité du sol où ils vont pousser : est-il fertile, riche en matière organique ? Est-il sain et exempt de pollution ?

Comment identifier une éventuelle pollution du sol de votre potager ou de votre jardin ? Comment y remédier et obtenir un sol sain ? Suivez le guide !

Photo de mains contenant de la terre au potager

Identifiez si votre sol est pollué

La pollution des terrains bruxellois est liée au passé industriel et à l’urbanisation, mais aussi à certains comportements quotidiens, comme un apport de remblai, l’abandon de déchets, la fuite d’une citerne à mazout, l’utilisation de produits dangereux (pesticides, peintures, savons, solvants…), ou encore l’épandage de cendres de barbecue...

Si votre sol est pollué, vous ne le verrez pas toujours à l’œil nu, mais cela peut avoir un impact sur la qualité de votre production, votre santé et votre cadre de vie. 

Infos techniques

Public cible Particuliers - Entreprises - Pouvoirs publics - Professionnels
Saison Printemps - Automne
Type d'action Aménager - Diagnostiquer - Planifier
Espace concerné Jardin - Espace vert - Cour de récré - Espace public
Niveau Intermédiaire

Informez-vous sur la qualité de votre sol

Etape 1 : Consultez la carte de l'état du sol

La carte de l’état du sol est l’outil le plus simple et le plus important pour savoir si un terrain est potentiellement pollué et s’il y a des risques pour votre santé. Elle est disponible gratuitement sur le site de Bruxelles Environnement.

    • Soit votre terrain n’est pas repris à l’inventaire de l’état du sol
      Cela signifie que Bruxelles Environnement ne dispose pas d’informations laissant suspecter une pollution.
    • Soit votre terrain est repris à l’inventaire de l’état du sol
      Bruxelles Environnement attribue une catégorie à chacune des parcelles inscrites à l’inventaire de l’état du sol.

    Etape 2 : Renseignez-vous sur l’état de votre terrain

    Observez votre terrain et renseignez-vous sur l’historique auprès des voisins ou de la commune :

    • Une citerne à mazout de chauffage est/était-elle présente ?
    • Des bidons ou bouteilles contenant des (restes de) produits dangereux (huiles usées, solvants, etc.) sont-ils présents sur le terrain ? 
    • Le sol est-il constitué de remblai (dans ce cas, le sol contient généralement des déchets de construction, des morceaux de briques ou même de petites quantités de déchets, morceaux de plastique, etc.) ? N’hésitez pas à creuser un peu.
    • Le sol dégage-t-il une odeur suspecte d’huile ou de solvants ? (Une odeur de décomposition de végétaux n’est pas une pollution !)
    • Est-ce que votre terrain avoisine un grand axe routier (voie de chemin de fer, autoroute, voirie fort fréquentée…) ?

    Si un élément laisse suspecter une pollution du sol, dans ce cas, il est utile de prélever et de faire analyser un échantillon dans la ou les zone(s) suspecte(s).

    Etape 3 : Préparez l’analyse d’un échantillon de sol

    Choisissez un laboratoire

    Avant de prélever l’échantillon de sol, identifiez le laboratoire auquel vous souhaitez envoyer vos échantillons, il y différentes procédures pour commander une analyse (la plupart des laboratoires disposent de formulaires de demande d’analyse).

    Vous avez le choix entre :

    - Les laboratoires agréés, c’est-à-dire reconnus pour des études poussées de reconnaissance de l’état du sol en lien avec la réglementation bruxelloise.

    - D'autres laboratoires qui sont également compétents pour des analyses de sols.

        Scientifique manipulant un échantillon de terre en laboratoire
        © Xavier Claes, Bruxelles Environnement

        Personne ramassant un échantillon de terre au jardin
        Prise d'échantillon © Xavier Claes, Bruxelles Environnement

        De quoi avez-vous besoin ?

        • Gants jetables neufs
        • Pot en verre propre de minimum 400 ml
        • Étiquettes
        • Petite pelle ou bêche
        • Morceau de bâche plastique propre (optionnel)
        • Carnet et crayon (optionnel)

        Etape 4 : Prélevez et identifiez les échantillons de sol

        Si votre zone suspectée est clairement délimitée (par un dépôt de déchets suspects ou par des traces de cendres par exemple), prélevez un échantillon de manière ciblée à 20-30 cm de profondeur.

        Si la zone suspectée est plus grande et qu’il n’y a pas de sources clairement identifiée (ex : sol de remblai). Prélevez plusieurs échantillons et mélangez-les (voir illustration).

        Identifiez les échantillons : placez une étiquette sur le pot et indiquez votre nom et la date du prélèvement et, si vous avez plusieurs pots, l'endroit du prélèvement.

        Schéma illustrant le texte
        © Xavier Claes - Bruxelles Environnement
        Attention

        Pour réaliser un prélèvement, il est très important que tout le matériel soit propre afin d’éviter les contaminations externes. Nettoyez les outils et le récipient à l’eau claire (pas de trace de rouille).

        Surface du potager Nombre d’échantillons
        Entre 50 et 250 m² 2 pots d’échantillonnages
        Entre 250 et 500 m² 3 pots d’échantillonnages
        Entre 500 et 1000 m² 4 pots d’échantillonnages

        Etape 5 : Faites analyser l’échantillon de sol

        Type d’analyse et coût

        Le laboratoire peut vous renseigner sur les différentes possibilités d’analyses. L’analyse sur les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les huiles minérales constitue une bonne base pour contrôler l’état de pollution de votre potager. Si vous suspectez d’autres pollutions (des produits de dégraissage, de l’essence, amiante, etc.), vous pouvez commander une analyse plus spécifique.

        Le coût d’analyse d’un échantillon de sol sur les métaux lourds, HAP et huile minérale est de 50 à 60 euros (attention, il faut parfois plusieurs échantillons !).

        Pour d’autres analyses, le prix peut fortement varier en fonction des paramètres (et monter jusqu’à quelques centaines d’euros). Votre laboratoire vous renseignera sur les prix. Le délai d’envoi des résultats est généralement d’un mois.

        Dans certains cas, l’observation de la nature du sol permet d’avoir des premières indications de l’emplacement de la zone polluée. Par exemple, si vous avez sur votre terrain une zone dans laquelle vous ne constatez que des sables naturels et une autre zone qui a clairement été remblayée (terres hétérogènes contenant des morceaux de briques, etc), il y a forte chance que la pollution du sol se limite à cette zone.

        Si une zone particulière ou un échantillon précis est pollué, vous pouvez choisir de faire des analyses complémentaires pour délimiter de manière plus circonscrite la pollution.

        Photo de mains contenant de la terre au potager
        Terre sombre riche en matière organique © X. Claes, Bruxelles Environnement

        Interprétez les résultats d’analyse

        * Le seuil 1

        Le seuil 1correspond à la norme d’intervention pour une zone d’habitat (selon le Plan Régional d’Affectation du sol) tel que prévue par la législation. Si la concentration mesurée dépasse ce seuil légal, votre terrain est considéré comme pollué s’il se trouve en zone d’habitat.  Ces normes ont été déterminées, entre autres, sur base des analyses des risques pour la santé et l’environnement.  L’optique de scénarios défavorables a été retenue car on tient compte de personnes qui sont exposées aux pollutions pendant toute leur vie.

        * Le seuil 2

        Le seuil 2 est une concentration qui a été calculée par Bruxelles Environnement sur base d’un modèle d’évaluation des risques, pour une habitation avec un jardin potager. Si ce seuil est dépassé, il est nécessaire de prendre des mesures afin d’éviter un contact avec la pollution présente et éviter des potentiels effets négatifs pour la santé humaine.

        Afin de savoir si vous devez prendre des précautions pour votre potager, comparez les résultats d’analyse du laboratoire avec les valeurs du tableau ci-dessous.

        Scientifique manipulant un échantillon de terre en laboratoire
        © Xavier Claes, Bruxelles Environnement

        Métaux lourds

        Substance (mg/kg) Seuil 1* Seuil 2*
        Arsenic 103 103
        Cadmium 6 22
        Chrome (III) 240 240
        Cuivre 197 2359
        Mercure 4.8 4.8
        Plomb 560 560
        Nickel 95 151
        Zinc 333 4099

        Huile minérale

        Substance (mg/kg) Seuil 1* Seuil 2*
        Huile Minérale (C10-C40) 1000 1000

        Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)

        Substance (mg/kg) Seuil 1* Seuil 2*
        Naphtalène 5 5
        Benzo(a)pyrène 3.6 4.86
        Phénanthrène 65 236
        Fluoranthène 30 195
        Benzo(a)anthracène 10.5 33
        Chrysène 180 375
        Benzo(b)fluoranthène 7 37
        Benzo(k)fluoranthène 11.5 37
        Benzo(ghi)pérylène 3920 3920
        Indeno(1,2,3-cd) pyrène 20 37
        Anthracène 70 24420
        Fluorène 3950 3950
        Dibenz(a,h)anthracène 2.9 4.45
        Acénaphtène 14 30
        Acénaphtylène 1 11
        Pyrène 395 2387

        Comment interpréter le dépassement d’un seuil maximal ?

        Aucun seuil n'est dépassé pas préoccupant Votre terrain n'est pas considéré comme pollué et vous pouvez donc démarrer ou continuer votre potager sans soucis, en veillant toutefois à laver vos fruits et légumes avant de les consommer, et vous laver les mains après avoir jardiné.
        Le seuil 1 est dépassé pour au moins une substance peu préoccupant Le sol de votre potager est légèrement pollué. Cependant, vous pouvez cultiver sans craintes moyennant le respect de certaines consignes.
        Le seuil 2 est dépassé pour au moins une substance très préoccupant Si le seuil 2 est dépassé pour au moins une substance, cela indique un niveau de pollution plus élevé et des risques pour la santé. Il faut donc éviter de cultiver en pleine terre et éviter tout contact direct avec la pollution. La pollution peut concerner une zone limitée de votre terrain, vous pouvez faire des analyses complémentaires pour d’autres zones.
        Une bêche enfoncée dans la terre d'un potager
        © Goumbik, Pixabay

        Actions recommandées si vous constatez un dépassement de seuil

        Dans tous les cas, au seuil 0

        • Lavez vos fruits et légumes avant de les consommer.
        • Lavez-vous les mains après le jardinage.
        • Il est également conseillé de travailler son potager selon les bonnes pratiques de jardinage pour éviter une future pollution du sol.
        Photo d"un abricotier comportant des abricots
        Abricots © Fir0002 - CC BY-SA 3.0

        Dans le cas d’un dépassement de seuil 1

        En plus des recommandations pour le seuil 0, respectez les principes suivants :
        • Diminuez la concentration des polluants en ajoutant régulièrement à votre sol de la matière organique (fumier et compost) et de la terre propre. L’ajout de compost mûr améliore la vie microbienne et ainsi la dégradation de certains polluants. Cela améliorera aussi le pH de votre sol et réduira son acidité. En effet, dans un sol acide, les métaux lourds sont plus facilement libérés et pénètrent les légumes.
        • Épluchez les légumes-racines avant de les manger ou de les cuisiner.
        • Évitez de laisser le sol nu. Vous pouvez couvrir les parterres avec du compost ou des déchets verts hachés de manière à éviter une dispersion des particules de sols avec le vent ou la pluie. De manière générale, c’est également une bonne pratique pour protéger le sol et la vie qui s’y trouve.
        • Les plantes n’ont pas toutes la même sensibilité par rapport aux pollutions du sol. Évitez de cultiver les plantes qui accumulent plus les polluants.

        Dans le cas d’un dépassement de seuil 2

        En plus des recommandations pour le seuil 1, respectez les principes suivants :

        • Cultivez vos légumes hors sol, dans des bacs ou autres contenants que vous remplissez de terre et de compost propres, dont vous connaissez l'origine ;
        • ou recouvrez le terrain à cultiver d'un géotextile et surélevez-le d'au moins 30 cm de terre végétale propre afin que les racines des plantes ne pénètrent pas dans la zone contaminée.
        • Couvrez le reste de la zone contaminée qui ne sera pas cultivée, comme les allées, avec des copeaux de bois sur un géotextile pour éviter que quiconque n'entre en contact avec le sol contaminé.
        • Vous pouvez également remédier à la contamination du sol, par exemple en procédant à une excavation et un export des terres contaminées. Toutefois, pour garantir le bon déroulement de ces travaux d'assainissement, ceux-ci doivent être obligatoirement contrôlés par un expert en pollution du sol et un entrepreneur en assainissement du sol. Le sol contaminé doit également être transporté vers un centre de traitement agréé. L'assainissement du sol entraîne des coûts importants.
        Des mains transmettent à un enfant une motte de terre où pousse une plante
        © Getty Images

        Evitez de polluer le sol

        • N’utilisez pas de produits toxiques, en particulier des pesticides.
        • Evitez l’épandage de cendres car elles peuvent contenir des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou d’autres polluants issus d’une incinération (incomplète) de déchets.
        • N'utilisez pas d’eau de pluie ou de puits si vous suspectez qu’elle est polluée. Il est déconseillé d’utiliser de l’eau collectée d’un toit en zinc ou en amiante-ciment parce qu’ils peuvent la contaminer. 
        • Utilisez du compost de bonne qualité et d’origine fiable car un compost d’origine douteuse peut contenir des pollutions en raison de la présence de déchets organiques pollués, par exemple des déchets verts provenant d’un terrain pollué. De même en cas de rajout de terre, assurez-vous de son origine.
        • Restez loin du potager pour assurer la maintenance de vos outils de jardinage qui fonctionnent à l’essence (p.ex. débroussailleuse, tondeuse, etc.).

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