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Osmie cornue Osmia cornuta

Découvrez cette abeille maçonne solitaire, commune en région bruxelloise.

Caractéristiques principales

Nom latin Osmia cornuta
Famille Megachilidae
Sous groupe Abeilles
Paysage Ville Campagne • Ville Dense
Statut de protection Non protégé
Non protégée.
Statut de conservation RBC : Non menacé.
Origine Indigène
Taille 1,1 (M) - 1.2 (F) à 1,3 (M) - 1.5 (F) cm
Rareté, abondance Commune
Longévité < 1 an (quelques semaines à l'état adulte)

Observez, identifiez, découvrez

Cette osmie de grande taille est facilement identifiable par sa pilosité brun-noir sur le thorax contrastant avec sa pilosité rousse, presque orange, relativement uniforme sur l’abdomen. La femelle a deux petites ‘cornes’ noires sur la face, au-dessus des mandibules. Le mâle est plus petit que la femelle et a de longues antennes atteignant l’arrière du thorax et des soies blanches sur la face qui lui donnent une moustache caractéristique.

De la famille des mégachilidés, elle est aussi caractérisée par la récolte du pollen via la pilosité dense de son ventre (abdomen). Cette "brosse" de collecte, appelée scopa, est de couleur rouille.

Fréquentes dans les hôtels à insectes, buches percées et autres tiges de bambou, les osmies peuvent bourdonner en nombre, mais elles restent solitaires et ne forment pas d'essaims, de colonies ou de bourgades.


Cycle biologique

On peut l’observer de février à mai dans la plupart des jardins, des parterres, des parcs et en forêt.

A la sortie de l'hiver, dès les premiers beaux jours doux et ensoleillés, les jeunes mâles émergent des nids et attendent les femelles, dont les nids sont plus en profondeur dans les galeries aménagées, et qui sortiront un peu plus tard. Après l'effervescence des reproductions, les mâles disparaissent bien vite et les femelles, seules, aménagent les nids de la nouvelle génération.

Dans des galeries et cavités plutôt linéaires (parfois les joints de châssis et fenêtres, trous de ventilation, trous de vis vides...), chaque femelle construit des logettes de boue glanée dans l'environnement proche et mélangée à de la salive, d'où le surnom d'abeille maçonne. Les logettes sont remplies d'un mélange de pollen de fleurs et de gouttes de nectar. Le ballet des femelles est incessant, dans un sens, plus l'autre. 

Chaque logette accueille un œuf pondu sur les réserves de nourriture, puis est refermée avant la construction et l'approvisionnement de la logette suivante, et ainsi de suite sur toute la longueur de la galerie jusqu'à en colmater l'orifice d'un bouchon de terre. 

Les œufs qui donneront des mâles sont pondus dans les logettes proches de l'ouverture, ce qui leur permet de sortir deux semaines plus tôt (permettant le brassage génétique) mais aussi de mieux protéger les femelles des prédateurs et parasites dans la profondeur de la galerie.

Une fois ses nids aménagés (jusqu'à une trentaine si tout va bien), la femelle meurt. Les œufs éclosent et entament leur développement larvaire et leur métamorphose pendant l'été, avant d'entrer en diapause (forme d'hibernation) pour l'hiver.

  • Visibilité : février à mai - Espèce monovoltine (une seule génération par an)
  • Reproduction : février à avril
  • Développement, métamorphose, diapause : d'avril-mai à février de l'année suivante.


Visibilité : Février - Mi-Mai
Reproduction : Février - Avril
Développement, métamorphose, diapause : Janvier - Mi-Février
Développement, métamorphose, diapause : Mai -
Parasites

L'osmie cornue n'a pas d'abeille-coucou connue. Ses nids sont toutefois victimes de parasitage, notamment par la mouchette drosophile Cacoxenus indigator, appelée "mouche Houdini" en néerlandais et anglais (mais pas en français, semble-t-il, où l'on doit se contenter du latin). Elle profite des allées et venues de l'osmie pour se faufiler en son absence et pondre sur les tas de pollen : ses larves dévorent le "pain d'abeilles" et affament la larve d'osmie à qui il était destiné.

Autres parasites fréquents, les acariens Chaetodactylus osmiae sont des mangeurs de pollen qui se déplacent en s'accrochant aux femelles qui sortent des nids en traversant d'autres logettes infestées. Des osmies peuvent ainsi être observées couvertes d'acariens, incapables de voler. Cette prolifération est potentiellement facilitée par les hôtels à insectes et autres grandes concentrations de nids et pose donc question quant à leur impact au fil des ans.

Cacoxenus indigator

Chaetodactylus osmiae

Risques de confusion

L'osmie rousse est très commune et peut facilement être confondue avec l'osmie cornue. Elles se retrouvent toutes les deux dans des hôtels à insectes. L'osmie rousse est plus petite, son abdomen est roux, mais tire vers le noir à son extrémité. Le thorax (dos) est couvert de poils brun roux (ils sont noirs chez l'osmie cornue). La "moustache" des mâles est plus jaunâtre, et la brosse ventrale des femelles est plus jaune.

Elle ressemble aussi à l'osmie bicolore, une cousine qui établit son nid dans les coquilles d'escargots, avec une préférence pour les pelouses et milieux calcaires. Les différences sont subtiles ici aussi, les femelles se ressemblent fortement si ce n'est que l'osmie bicolore est plus petite et n'a pas de cornes. Ses pattes sont fauves. Les mâles sont plus ternes et très difficiles à déterminer sur le terrain.

Si l'on regarde distraitement, l'osmie pourrait ressembler au bourdon des pierres, en particulier aux petites ouvrières de début de saison. Néanmoins, seul le bout de l'abdomen est roux chez le bourdon (alors qu'il est entièrement roux chez l'osmie cornue). Il est aussi plus costaud et collecte le pollen en pelotes sur des corbeilles situées sur ses pattes arrières élargies. 

Osmie rousse

Bourdon des pierres

Osmie bicolore

Place dans l’écosystème

Alimentation Nectarivore
Spécialisation alimentation Généraliste
Cette espèce généraliste a été observée sur des plantes de nombreuses familles en région bruxelloise, notamment des asparagacées (Muscari spp., Hyacinthoides hispanica), rosacées (Crataegus sp., Prunus spp.), liliacées, astéracées, berbéridacées, et bien d’autres.
Lieu de reproduction Cavernicoles • Bois mort • Bâtiments
Cette espèce solitaire niche dans des cavités telles que des tiges creuses, anfractuosités de mur ou trous dans le bois mort. On la retrouve ainsi souvent dans les tubes de bambou des hôtels à insectes.
Biotope Tous types
Ubiquiste, l'osmie cornue se retrouve dans tous types de milieux, avec une préférence pour les milieux ouverts semi-naturels (zones agricoles, bocage) et une affinité pour les milieux urbains chauds (parcs, jardins, squares...).
Risques de confusion Osmie rousse, Osmie bicolore, Bourdon des pierres.
© Lamiot, Wikimedia Commons

Gérez et accueillez

Les osmies sont de très bons pollinisateurs de début de printemps. Avec leur constitution robuste et leur généreuse pilosité, elles sortent très tôt dans l'année, lorsque fleurissent notamment les premiers arbres fruitiers (Prunus).

Comme la majorité des abeilles sauvages, leur distance de vol est limitée - pour les osmies, il s'agit de quelques centaines de mètres au mieux. Pensez-donc à offrir le gîte et le couvert !

    Pour favoriser cette espèce

    Offrez le couvert

    • Plantez des fleurs nectarifères et pollinifères des familles butinées (voir Régime alimentaire).
    • Assurez une disponibilité en fleurs pendant toute la période de présence de l'insecte.
    • En début de printemps, pensez aux plantes vernales et aux bulbes de printemps pour renforcer l'intérêt des pelouses et platebandes.
    • Évitez de tondre la pelouse en période de floraison des pissenlits.
    • Proposez des aménagements variés : les espèces généralistes profitent d'une diversité de plantations, comme les prairies fleuries, les haies vives...
    • Proscrivez les pesticides, en particulier les insecticides et fongicides, et les herbicides qui réduisent leurs ressources alimentaires.

    Offrez le gîte

    • Maintenez ou introduisez les matériaux nécessaires à la fabrication du nid : tiges creuses, zones de boue...
    • Forez des trous çà et là dans des piquets de clôtures ou autres éléments en bois ou en pierre.
    • Installez des bûches percées ou des petits fagots de tiges creuses en divers endroits du jardin.
    • Les galeries ont idéalement 8 à 10 mm de diamètre, et plusieurs centimètres de profondeur.
    • Évitez toutefois les grands hôtels à insectes et les grandes concentrations de nids qui favorisent la transmission de maladies et parasites.
    Espèce "domestique" ?

    Les osmies peuvent faire l'objet d'un élevage et d'une commercialisation via l'osmiculture. Des nichoirs pré-remplis de cocons (abeilles en diapause) sont ainsi vendus, notamment pour assurer la pollinisation des cultures printanières, en particulier dans les vergers conventionnels copieusement arrosés de pesticides. 

    L'utilisation fréquente de tubes de papier permet en outre de récolter et nettoyer les cocons (pupes) et retirer les parasites. Les cocons sont maintenus ensuite en vrac dans des boites, ce qui modifie drastiquement les conditions naturelles d'émergence des abeilles.

    Formellement, introduire un nichoir commercial pré-rempli relève d'une introduction dans la nature de souches non-indigènes d'espèces indigènes, une pratique cadrée par l'ordonnance nature et qui nécessite une autorisation préalable. Nous conseillons de limiter ce type de procédé aux besoins des études scientifiques.

    © Holger Uwe Schmitt, Wikimedia Commons

    Contenu partiellement rédigé dans le cadre de Wild BnB