Hérisson commun Erinaceus europaeus
Découvrez ce petit mammifère piquant, bien présent à Bruxelles malgré tous les dangers que le milieu urbain représente pour lui.
Caractéristiques principales
Protection stricte sur tout le territoire régional (Annexe II.2.1, Ord. Nature)
Observez, identifiez, découvrez
Ce petit mammifère nocturne se reconnaît entre milles ! Son corps dodu a une tête sombre qui se termine par un museau pointu. Ses oreilles courtes sont en partie cachées par les poils. Sa queue, petite et conique est également peu visible. Les pattes sont noires.
Mais bien sûr c'est à son "piquant" qu'on le reconnaît : du front jusqu'aux flancs, le hérisson adulte est recouvert de 5 000 à 7 500 piquants, de 2 à 3 cm de long, qui se renouvellent en 18 mois. Il s'agit en réalité des poils durcis, très solides bien qu'ils soient creux. Le reste du corps est couvert de longs poils bruns.
Les mâles sont un peu plus massifs que les femelles, mais il est difficile de les distinguer car la masse dépend aussi des saisons, l'animal augmentant ses réserves à l'approche de l'hibernation. Il ne peut être confondu avec aucun autre mammifère de nos régions.
Leur habitat s'étend en moyenne sur plusieurs hectares (en moyenne 7 hectares pour une femelle et 20 hectares pour un mâle) et ils parcourent chaque nuit des distances comprises entre 500 et 1 500 mètres. Les hérissons sont solitaires et très attachés à leur site. Les jeunes animaux trouvent leur propre habitat et y restent généralement jusqu'à la fin de leur vie. Ce n'est pas un animal très territorial, les habitats des différents hérissons peuvent donc se chevaucher.
Consultez la carte des observations de hérisson à Bruxelles
Comme pour tous les mammifères à 4 pattes vivant en ville, les hérissons paient un lourd tribut à la circulation automobile. D'autant que dès qu'il se trouve face à une situation inconnue, le hérisson a pour habitude de s'arrêter pour se mettre en boule, ce qui accroît les risques de se faire écraser. La circulation routière fait donc des ravages. Le hérisson est le mammifère le plus souvent signalé comme victime de la route en Flandre et le deuxième mammifère à Bruxelles (après le renard), avec un pic pendant les mois d'été.
Les cours d'eau avec des berges en béton sont également connus pour être une barrière mortelle lors des déplacements des hérissons : les animaux qui entrent dans l'eau ne parviennent pas à en sortir à cause des pentes abruptes et se noient. Le canal de Bruxelles, avec ses berges perpendiculaires, est une barrière migratoire absolue. Les animaux qui y pénètrent ne trouvent pas de point de sortie et se noient. Des points de sortie pour la faune réguliers pourraient améliorer cette situation.
Cycle biologique
Les hérissons s'accouplent au printemps et, après 35 jours de gestation, la femelle donne naissance à entre 4 et 7 petits, les choupissons. Il peut y avoir deux mises bas sur la saison de reproduction, qui dure jusqu'au mois de septembre.
Le mâle ne s'occupe pas des jeunes. Les choupissons (ou hérissonneaux) naissent nus, sans épine, mais des épines molles et non piquantes apparaissent en quelques heures seulement. Celles-ci tombent au bout de 3 semaines pour laisser la place aux épines brunes et piquantes. Ils deviennent indépendants au bout de 5 à 6 semaines et cherchent alors leur propre habitat.
Les hérissons peuvent vivre jusqu'à 8 ans, mais de nombreux animaux meurent au cours de leur première hibernation en raison d'un manque de réserves de graisse. Un jeune hérisson doit peser au moins 400 g pour survivre à l'hiver. Il doit donc accumuler suffisamment de réserves sur sa première saison, ce qui est parfois compliqué dans les milieux appauvris.
Par temps chaud, les hérissons peuvent simplement dormir à l'extérieur, mais lorsqu'il fait plus froid, ils construisent un nid. En période d'hibernation, de novembre à mars, ils se réveillent environ tous les 10 jours, mais aussi lorsqu'ils sont dérangés ou que la température de leur abri descend sous 0°C. Il peut leur arriver de changer plusieurs fois d'abri sur un même hiver.
- Visibilité : de mars à novembre
- Reproduction : de mars à septembre
- Hibernation : de novembre à février/mars
Que faire si vous voyez un hérisson en journée ou un hérisson blessé ?
Nocturne, le hérisson sort de son nid et explore son environnement du crépuscule à l'aube. Observer un hérisson alors que le soleil est levé est généralement signe d'un animal malade, blessé, affaibli, dérangé ou désorienté.
S'il ne s'abrite pas rapidement, il est en danger : en journée, les mouches peuvent venir pondre entre ses piquants. Incapable de les déloger, le hérisson peut se faire dévorer vivant par les asticots qui occasionnent des plaies et l'affaiblissent. Il peut aussi plus facilement se faire attaquer par les pies, corneilles, chiens ou renards.
Pour lui venir en aide, consultez notre fiche dédiée.
Les hérissons peuvent être porteurs (parfois asymptomatiques) de maladies comme la salmonellose, les teignes, la maladie de Chagas (Trypanozoma cruzi), ou des infections bactériennes possiblement transmissibles aux humains. Sauf s'ils sont blessés ou en danger, il est donc recommandé de ne jamais les toucher. Et si vous devez manipuler un hérisson, prenez soin de porter des gants.
Place dans l’écosystème
Les hérissons se nourrissent principalement de petits invertébrés tels que les coléoptères, les vers de terre, les escargots et les chenilles, mais si l'occasion se présente, ils peuvent aussi oser manger de jeunes souris, des amphibiens ou des oiseaux (ou leurs œufs).
Le nid est fait d'un tas d'herbe, de feuilles et de brindilles. Le hérisson l'aménage en creusant dans un tas de feuilles, un renfoncement de terrain, à l'abri d'un arbre ou en utilisant des terriers abandonnés.
Habitats forestiers, arborés et bocagers, avec une tendance à fréquenter les milieux ouverts, prairies et clairières, ce qui le pousse également dans les jardins.
Gérez et accueillez
Les hérissons vivent dans des zones de lisière, dans les transitions entre les habitats couverts tels que les haies, les arbres et les arbustes et les habitats plus ouverts tels que les prairies ou les pelouses dans lesquelles ils se nourrissent d'insectes, vers de terre, limaces, escargots et autres petites bêtes. C'est donc une espèce typique des parcs, des jardins et des paysages agricoles et bocagers à petite échelle, surtout en seconde couronne bruxelloise.
Aménager des espaces verts aux plantations variées et aux clôtures perméables à la faune doit donc permettre d'aider le hérisson à survivre à Bruxelles, malgré un contexte urbain compliqué.
Pour favoriser cette espèce
- Plantez des haies et des zones arbustives denses dans lesquelles les hérissons peuvent établir leur nid.
- Préservez les ronciers et les buissons denses et épineux où le hérisson peut s'abriter des prédateurs.
- Privilégiez la fauche tardive, et prenez soin d'inspecter les zones de fauche avant toute fauche ou débroussaillage.
- Aménagez des tas de bois mort, des pierriers, des fascines de bois mort : ils offrent des refuges et abritent des limaces et escargots.
- Laissez dans un coin du jardin des tas de feuilles mortes ou de branchages issus de la taille des haies.
- Créez ou restaurez des lisières étagées entre les espaces boisés et les milieux ouverts.
- Aménagez une mare naturelle avec des pentes douces et un dispositif de sortie en cas de chute (grosse branche par exemple).
- Installez des passages à hérissons et privilégiez des clôtures perméables à la faune.
- Installez un gîte à hérisson : une caisse de bois dans laquelle il peut aménager son nid.
- Proscrivez les rodenticides (mort aux rats, grain empoisonné, etc.), qui peuvent aussi tuer les hérissons.
- Proscrivez les pesticides, en particulier les anti-limaces à base de métaldéhyde, potentiellement mortels pour les hérissons et les chats. Les granulés bio à base de ferramol ou phosphate de fer sont moins nocifs pour les mammifères, mais réduisent le nombre de limaces et donc les sources de nourriture.
- Évitez la tonte rase des pelouses, qui limite les ressources alimentaires.
- Évitez de désherber les pieds de haies, les hérissons aiment y faire leur nid.
- Ne donnez jamais de coup de râteaux dans un tas d'herbes ou de feuilles mortes, car des hérissons peuvent s'y trouver.
- Ne déplacez pas un tas de feuilles, tas de bois ou de branches sans vérifier la présence possible de petites bêtes.
Le hérisson ne digère pas le lait, qui lui donne de violentes diarrhées et peut le tuer. Ne lui offrez donc pas de coupelle de lait, et ne placez pas celle du chat à l'extérieur (les chats n'ont d'ailleurs pas besoin de lait, et ne le digèrent pas très bien non plus).
Vous pouvez par contre lui offrir une gamelle d'eau claire, toujours bienvenue en période de sécheresse ou de canicule. Pensez à la changer quotidiennement.
Cohabitez au jardin
Bien que discret, le hérisson est souvent présent dans les jardins. Il cohabite donc avec nous et avec nos animaux domestiques. Carnivore, il profite souvent des gamelles de croquettes ou de pâtée des chats, laissés sur les terrasses ou destinés aux chats errants. Ce n'est pas nécessairement souhaitable pour sa santé (il n'est pas "conçu" pour manger du bœuf par exemple). Quand c'est possible, évitez donc de nourrir les chats en extérieur.
Si le lait est à proscrire absolument, une gamelle d'eau fraiche est à envisager lors des journées chaudes, pendant les canicules et les sécheresses. Ici aussi, il peut profiter des gamelles des animaux domestiques.
Dans l'idéal, pour éviter la transmission de maladies et de puces, évitez au maximum de favoriser les contacts entre les animaux domestiques et sauvages.
Reconnectez les espaces verts
À Bruxelles, le hérisson est la deuxième victime de la route après le renard. Ses déplacements sont rendus compliqués par les routes, trottoirs, murets, clôtures, fronts bâtis... Autant d'éléments qui réduisent son espace vital et l'obligent à se déplacer davantage en milieu hostile. Ces raisons expliquent qu'on trouve très peu de hérissons dans la première couronne bruxelloise.
Les mesures visant à mieux relier les zones vertes - notamment les jardins - sont donc nécessaires pour réduire la mortalité des hérissons et augmenter leur zone de vie.
Gare aux tondeuses automatiques !
De plus en plus de hérissons mal en point aboutissent dans les centres de revalidation avec de sérieuses blessures. Celles-ci peuvent être occasionnées par des robots qui tondent automatiquement les pelouses la nuit, période où se déplacent les hérissons en quête de nourriture. Ces appareils ne reconnaissent pas les hérissons. Ceux-ci s'immobilisent et se roulent en boulent pour faire face au danger… et le robot ne les évite pas.
- N'utilisez pas de tondeuse robot le soir, la nuit et au petit matin.
- N'utilisez la tondeuse robot qu'entre 10h et 17h, période où les hérissons sont bien à l'abri.
