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Triton palmé Lissotriton helveticus

Découvrez le plus petit triton présent dans la Région bruxelloise

Caractéristiques principales

Nom latin Lissotriton helveticus
Famille Salamandridae
Sous groupe Amphibiens
Paysage Ville Forêt • Ville d'Eau
Statut de protection Espèce Natura 2000 • Espèce intégralement protégée
Protection stricte sur tout le territoire régional (Annexe II.2.1, Ord. Nature) ; Espèce d’intérêt régional (Annexe II.4.A, Ord. Nature)
Origine Indigène
Taille 6,5 à 9,5 cm
Rareté, abondance Rare
Longévité En captivité, il peut vivre jusqu'à 12 ans

Observez, identifiez, découvrez

Le triton palmé est un petit amphibien mesurant à peine 6 à 9 cm de long. Sa coloration dorsale varie du brun au vert olive, souvent parsemée de petites taches sombres. Le ventre est généralement de couleur jaune clair à orangé sans taches. Sa gorge n'est, elle, jamais tachetée. 

Pendant la saison de reproduction, les mâles arborent un filament caractéristique à l'extrémité de leur queue et de petites palmures noires aux pattes arrière, d'où leur nom commun. En dehors de la période de reproduction, les mâles perdent ces caractéristiques et ressemblent assez aux femelles si ce n'est qu'ils sont plus petits et présentent une courte bande oculaire noire. 

Les larves du triton palmé mesurent jusqu'à 4 cm et ne peuvent pas être distinguées des larves du triton ponctué.

Ce triton est un habitant typique des milieux aquatiques temporaires ou permanents tels que les mares, les étangs et les fossés. En dehors de la saison de reproduction, il se réfugie dans des habitats terrestres humides comme les forêts, les prairies ou les zones buissonneuses, où il se cache sous les feuilles mortes, les pierres ou les troncs d'arbres.

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Triton palmé en période terrestre © Luis Miguel Bugallo Sanchez, CC BY SA 3-0

Dans la région bruxelloise, le triton palmé montre une forte affinité pour les milieux forestiers, qu’il s’agisse de grands massifs comme la Forêt de Soignes ou de bois isolés comme celui du Laerbeek

Les jardins et parcs arborés (Rouge Cloître, parc de Woluwe, parc Tournay-Solvay) sont aussi fréquentés, de même que des milieux péri-forestiers comme les marais de Jette-Ganshoren. Les sites de reproduction occupés dans les zones agricoles d’Anderlecht sont situés dans un environnement plus ouvert mais sont toujours associés à des bosquets.

Consultez la carte des amphibiens et reptiles à Bruxelles

Le saviez-vous ?

Alors qu'il n'y avait eu que 69 observations collectées au cours de la période 1984-2003, entre 2004 et 2019 296 observations ont été enregistrées. Comme l'indique l'Atlas des amphibiens de la région bruxelloise, cette augmentation est vraisemblablement dues à une meilleure connaissance de sa répartition plus qu’à une augmentation locale de l’espèce.


Cycle biologique

Généralement, les animaux adultes se déplacent vers le biotope aquatique fin février, début mars. La période de reproduction se déroule de fin mars à début juillet, puis la femelle pond 100 à 300 œufs individuellement sur les plantes aquatiques. 

Les larves sortent des œufs après deux à quatre semaines. On peut donc généralement observer des larves qui nagent librement dès la mi-mai. Les larves du triton palmé quittent l'eau en août. Les adultes quittent l'eau en juin et juillet, tandis qu'ils passent souvent l'hiver sur la terre entre novembre et février, dans toutes sortes de trous, fissures dans le sol, entre des racines, sous des pierres ou des souches, ou même sous des tas de feuilles. Ils peuvent cependant aussi hiverner dans l'eau sur le site de reproduction. 

Dans l'eau, on distingue clairement deux pics d'activité : un tôt le matin et un autre peu après le coucher du soleil. 

  • Visibilité : mars à octobre 
  • Hibernation : novembre à début mars
  • Reproduction : fin mars à début juillet
Visibilité : Mars - Novembre
Hibernation : Janvier - Mi-Mars
Hibernation : Novembre -
Reproduction : Mars - Mi-Juillet

Risques de confusion

Triton ponctué (femelle)

Triton ponctué (mâle)

Place dans l’écosystème

Alimentation Carnivore • Insectivore • Molluscivore
Spécialisation alimentation En phase aquatique, le Triton palmé se nourrit de macrofaune et d’œufs et de larves de grenouilles et crapauds. S’il n’y a pas assez de nourriture dans l’eau, il en cherche la nuit sur les rives : petits vers de terre, limaces et insectes. Les larves se nourrissent d’abord de plancton, avant d’adopter le même régime que les adultes. Durant sa phase terrestre, il se nourrit d'insectes, araignées et autres petits invertébrés.
Lieu de reproduction Aquatiques
Les plans d’eau utilisés pour la reproduction sont variés : ornières forestières, ruisseau à cours lent, mares agricoles, mares de jardin, étangs. Les sites de reproduction se trouvent généralement à moins de 300 mètres d'un massif boisé.
Biotope Mare • Massif boisé • Cours d’eau • Etang • Zone humide • Prairie
Chez nous, le triton palmé apprécie surtout les plans d'eau forestiers ou situés en lisière (abreuvoirs et mares forestières, ornières, mardelles, étangs, sources, petits ruisseaux à courant faible). On peut aussi le rencontrer dans les paysages de collines ou de landes. Il aime les eaux semi-ombragées.
Risques de confusion Triton ponctué (Lissotriton vulgaris)

Gérez et accueillez

Le triton palmé n'est pas particulièrement difficile en ce qui concerne son habitat aquatique. Toutefois, les œufs et les larves ne peuvent se développer correctement en dessous d’un pH de 4,2. Le degré de développement de la végétation quant à lui peut aller de l’absence totale de végétation à l’envahissement par une végétation aquatique abondante (de préférence flottante). 

En ce qui concerne son habitat terrestre, il est typiquement forestier mais le type de peuplement n'est pas déterminant pour le triton palmé. En revanche, il a besoin de bandes boisées, de haies et d'ourlets de hautes herbes pour servir de corridor de migration entre son habitat terrestre et son site de reproduction aquatique, qui en général se situe à une centaine de mètres l'un de l'autre. 

Les populations de tritons palmés sont menacées par la disparition des zones humides, la pollution des eaux et l’introduction d’espèces invasives. La bonne qualité de l'eau dans les cours d'eau et plans d'eau, la préservation des mares et des milieux humides, mais aussi des zones boisées et de lisières étagées est essentielle à sa survie.

© Willem van Kruijsbergen, Saxifraga

Pour favoriser cette espèce

Mares

  • Aménagez une mare naturelle à proximité immédiate des zones boisées et haies de plein vent. Cette mare doit avoir une zone peu profonde du côté nord que le soleil peu réchauffer plus rapidement et si possible une zone ombragée. 
  • Développez des mares naturelles en réseau d'au moins une dizaine, espacées de maximum 400 mètres les unes des autres. 
  • Si la mare est accessible à du bétail, prévoyez une clôture. 
  • Curez périodiquement la mare jusqu’au sol minéral lorsqu’elle menace de se combler ou que la couche de vase devient trop importante, en conservant la végétation aquatique et le sol dans une zone refuge d’au moins 25 % de la superficie, pour les tritons qui hiverneront dans la mare et pour préserver des abris et lieux de ponte. Le moment idéal pour cela est en octobre (extrêmes : septembre-décembre), en dehors des périodes de gel. En octobre, les juvéniles issus de la métamorphose ont pour une partie d’entre eux quitté la mare, et ceux qui restent n’hibernent pas encore.
  • Luttez contre les espèces exotiques envahissantes aquatiques (tortues par ex) qui sont des prédateurs d'œufs et de tritons). 
  • Limitez autant que possible la densité de poissons dans la mare et si les poissons sont bien présents, assurez vous que la végétation offre suffisamment d'abris contre la prédation. 

Pièges liés aux bâtiments et infrastructures

Les tritons peuvent hiverner dans des caves, des bassins d’orage, des canaux de drainage (à ciel ouvert), des puits, des égouts ou étangs de jardin en béton, mais souvent qu’ils parviennent à y entrer (par des trous d’aération, p.ex.), mais pas à en sortir. 

  • Lorsque des constructions de ce genre sont proches (<100m) d’une mare de reproduction, mieux vaut prendre des mesures pour les empêcher d’y entrer par des barrières anti-escalade en plastique dur inclinées de 20 cm de haut, placées sous l’ouverture. Le bord supérieur doit être replié vers l’extérieur et vers le bas sur 5 cm de manière à former un rebord en forme de 1 à fixer au mur, en dépassant de 5 cm de part et d’autre de l’ouverture, sans laisser d’espace au niveau des raccords.
  • Une autre solution consiste à s'assurer qu'ils peuvent sortir en plaçant une petite échelle de fin grillage métallique tendu sur deux lattes, inclinée contre le mur et solidement accrochée à l’ouverture d’entrée. Il existe aussi différentes solutions pour équiper les bassins d’orage de systèmes de sortie flottants (échelles, tuyaux, îlots…).

Connexions (Bandes ligneuses et boisées, haies, bandes herbeuses et cours d'eau)

  • Aménagez des massifs ou bandes boisées ou des haies à proximité d'une mare et de préférence à moins de 100 mètres d'une prairie ou d'un autre habitat du triton palmé. 
  • Veillez à ce que vos bandes boisées et/ou haies soient suffisamment larges (entre 3 et 6 mètres) et pourvues d'une strate herbeuse bien développée et/ou d'une zone tampon de prairie exempte de pulvérisation et d'épandage. 
  • Aménagez des petits tas de bois qui peuvent servir de lieux d'hivernage.
  • Si vous devez recéper une lisière ou des arbustes à moins de 100 mètres de la mare, appliquez un principe de rotation pour éviter le dérangement et laissez une partie du produit de coupe sur place sous forme de tas de branches et de troncs pour constituer des abris supplémentaires.
  • Fauchez votre bande herbeuse entre février et mai à une hauteur de 10 cm au moins pour éviter de tuer les amphibiens.
  • En cas de fauchage en dehors de la période optimale, conservez une zone de refuge d'au moins 25%.

Zones boisées et prairies

  • Favorisez l'aménagement et l'entretien de zones boisées offrant une structure bien diversifiée avec une lisière étagée et, si possible, des zones humides. 
  • Si des travaux d'excavation ou d'étrapage doivent être faits, réalisez les entre les mois de février et mai inclus. 
  • Réhaussez le niveau d'eau dans les fossés au moyen de barrages. 
  • Aménagez des petits habitats (tas de pierres, tas de branches, tas de feuilles, bois mort au sol), surtout à proximité des mares et ornières. 
  • Mettez à profit les site d'hivernage artificiels comme les anciennes glacières, bunkers, ruines etc., en y perçant de petites ouvertures étroites tout en veillant à ne pas créer de courants d'airs qui assécheraient le site et le rendrait inadéquat pour l'hivernage. Assurez vous que les tritons peuvent entrer, mais aussi ressortir sans peine. 
  • Conservez des zones de friche ou de prairie ni fauchée ni pâturée de 20 mètres autour de la mare, entre le 1er juillet et le 1er octobre. Vous pouvez faucher cette zone entre février et mai à une hauteur de 10 cm au moins pour éviter de tuer les amphibiens.
  • Ne fauchez jamais pas temps de pluie.
  • Proscrivez les pesticides.

Faciliter la migration

  • Aménagez les bords de trottoirs à l'aide de pierres de bordure spéciales pourvues d’un évidement, à placer au niveau des grilles d’égout pour permettre aux amphibiens de contourner la grille. 
  • Travaillez les bordures de trottoirs pour les interrompre à espace régulier, ou créer des passages par dessus ou par dessous. Les bordures verticales peuvent être remplacées (par endroits) par des pierres de bordure plates ou biseautées, ou bordées de rampes formant un escalier. Vous pouvez également installer de petites rampes d’environ 1 m de long coulées dans l’asphalte ou le béton le long du trottoir.
  • Ecartez un peu les grilles d’égout du bord du trottoir, pour que les amphibiens puissent passer sans danger entre le trottoir et la grille
  • Adaptez les grilles d'égout avec des barreaux plats plus rapprochés et disposés en longueur (écart max. de 1,6 cm entre les barreaux). Les grilles peuvent aussi être recouvertes de gros gravier ou d’un grillage à mailles fines (mais elles sont alors plus vite colmatées par la boue).
  • Là où l'installation se justifie, vous pouvez installer des crapauducs, constitués d’une part d’un passage souterrain et d’autre part d’éléments de guidage. Pour bien fonctionner, ils nécessitent cependant une implantation judicieuse et un entretien régulier. 
Les multiples dangers de la route

Voitures risquant de les écraser, bords de trottoirs trop hauts rendant la route infranchissable, avaloirs qui deviennent des pièges mortels...la migration des batraciens implique souvent de traverser une route et celle-ci est semée d'embûches ! Des groupes citoyens et Natagora se mobilisent à chaque saison de migration pour aider les amphibiens à traverser en sécurité.

Découvrez notre fiche dédiée pour participer au sauvetage des batraciens.

Panneau routier "Attention ! Migration des batraciens"
© Butschebuerg Jwh, Wikimedia Commons

Calendrier d'intervention

    • Migration des batraciens : mi février à fin avril
    • Hibernation : novembre à début mars
    • Curage de mare : octobre
    • Excavage et étrépage en zone boisée : février à mai inclus.
    • Fauchage possible (10 cm min) : Février à mai inclus
    • Pas de fauche ni de pâturage : de juillet à octobre 
    Hibernation : Novembre -
    Hibernation : Janvier - Mi-Mars
    Migration batraciens : Mi-Février - Mai
    Curage : Octobre - Novembre
    Excavage et étrépage : Février - Juin
    Fauche : Février - Juin
    Pas de fauche ni pâturage : Juillet - Novembre
    Triton palmé mâle en phase aquatique © Kees Marijnissen, Saxifraga

    Espèce objectif Natura 2000

    Des objectifs de conservation quantitatifs et qualitatifs sont fixés pour chaque espèce d'intérêt régional ou communautaire présente dans les sites Natura 2000 de la Région bruxelloise.

    ZSC I Forêt de Soignes et Vallée de la Woluwe

    Objectifs quantitatifs

    • Au minimum, maintien des populations existantes.
    • Si possible, développement des populations

    Objectifs qualitatifs

    • Réalisation progressive d’une amélioration qualitative de l'habitat de l'espèce.
    • Améliorer progressivement la qualité de l'eau dans les cours d'eau et plans d'eau.
    • Au minimum maintenir, et progressivement améliorer des connexions entre les différentes populations d'amphibiens. 
    • cf. objectifs de conservation relatifs aux habitats 3150, 6430, 9160 et 91E0.

    ZSCIII Marais de Jette et Ganshoren

    Objectifs quantitatifs

    • Au minimum, maintien des populations existantes.
    • Si possible, développement des populations. 

    Objectifs qualitatifs

    • Réalisation progressive d’une amélioration qualitative de l'habitat de l'espèce.
    • Améliorer progressivement la qualité de l'eau dans les cours d'eau et plans d'eau. 
    • Au minimum maintenir, et progressivement améliorer des connexions entre les différentes populations d'amphibiens. 
    • cf. objectifs de conservation relatifs aux habitats 3150, 6430, 9160 et 91E0.