Martinet noir Apus apus
Découvrez le martinet noir, un discret oiseau migrateur qui ne se pose jamais... sauf pour nicher dans nos façades.
Caractéristiques principales
Protection stricte sur tout le territoire régional (Annexe II.2.1, Ord. Nature)
Observez, identifiez, découvrez
Reconnaissable à sa silhouette fine, le martinet noir fait penser à une hirondelle mais a les ailes plus courbées vers l'arrière, en forme de faux; elles sont aussi plus longues, plus fines et plus pointues que chez les hirondelles. Son corps est brun très foncé (de loin, il semble noir) avec la gorge un peu plus claire, la tête engoncée, la queue effilée. Ses pattes sont très courtes ; ses quatre doigts, terminés par des longs ongles crochus, sont tous positionnés vers l’avant.
On le reconnaît aussi facilement à son cri, un sifflement en trille strident et aigu, qu'il émet surtout lors de poursuites aériennes typiques de l'espèce. Son vol est composé de battements d’ailes rapides et vigoureux alternant avec des vols planés. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel.
Migrateur, il est présent en Belgique de fin avril à fin juillet. Il passe le reste de l'année en Afrique sub-saharienne.
Consultez la carte des martinets à Bruxelles
Cycle biologique
La période de reproduction se déroule de début mai à août. L'oiseau, monogame, a une seule nichée de 1 à 3 oeufs. L'incubation dure une vingtaine de jours et les deux parents se relaient pour couver. Les oisillons restent au nid une quarantaine de jours. La maturité sexuelle des jeunes est atteinte la 3ème année.
Les adultes nicheurs arrivent en général début mai. Ils sont plutôt discrets et passent assez facilement inaperçus. Les chances d'observer leurs entrées et sorties des nids sont plus grandes dans la dernière demie-heure avant le coucher du soleil, voire « entre chien et loup », alors même que l’éclairage public est déjà allumé et que les premières chauves-souris sont sorties.
Fin mai (parfois même dès la mi-mai), les jeunes "pré-nicheurs" de 2 ou 3 ans arrivent à leur tour. Ces jeunes sont plus bruyants et signalent l'arrivée de l'été, avec leurs cris et leurs courses-poursuites caractéristiques.
Ils patrouillent en bandes sifflantes, et effleurent ou tapent les façades élevées : ils cherchent des cavités pour leur nid. Il est possible à ce moment-là d'identifier une cavité déjà occupée, de laquelle ils seront chassés.
Vers la mi-juin, les jeunes martinets d'un an (nés l'été précédent) arrivent enfin. Ils ne resteront chez nous que quelques semaines, jusqu'autour du 21 juillet !
- Visibilité : mai à août
- Migration : mi-juillet à mai
- Reproduction : mai à juillet
Risques de confusion
- Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) : elle a la gorge blanche, un croupion blanc, le dos noirâtre aux reflets bleutés, le ventre blanc et la queue moins fourchue.
- Hirondelle rustique (Hirundo rustica) : elle a la gorge rouge brique, le dos noirâtre aux reflets bleutés, le ventre blanc et la queue beaucoup plus fourchue.
- Hirondelle de rivage (Riparia riparia) : elle a le dos et les ailes marron, le ventre clair avec un collier pectoral marron et est plus petite.
Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)
Hirondelle rustique (Hirundo rustica)
Hirondelle de rivage (Riparia riparia)
Place dans l’écosystème
Hors nidification, il vit uniquement en vol dans le ciel. Pour la nidification, il exploite le plus souvent des cavités dans le bâti.
Gérez et accueillez
Le martinet ne se pose quasiment jamais, et uniquement pour pondre. Il aménage donc son nid dans une cavité accessible en vol. Sa vitesse d'arrivée peut atteindre 70km/h, en ne freinant qu'au tout dernier moment.
Une ouverture de 3 ou 4 cm en sous-toiture est idéale. Il profite aussi des anfractuosités des anciens bâtiments, des trous de boulins… L'accès au nid doit être dégagé et situé à minimum 5 mètres de hauteur.
S'il est à l'origine un oiseau des falaises, à Bruxelles, il niche exclusivament dans des cavités de bâtiments et est donc dépendant des infrastructures humaines. Avec la rénovation énergétique des bâtiments, les cavités disparaissent et affectent la population, déjà impactée par le déclin majeur des insectes et de nombreuses menaces pendant ses longues migrations.
Pour favoriser cette espèce :
- Identifiez et préservez les cavités occupées dans les bâtiments.
- Installez des nichoirs artificiels apposés ou intégrés dans les murs en cas de nouvelles constructions ou de rénovations.
- Inspectez soigneusement le bâtiment avant travaux afin de s'assurer de l'absence de nid : les nids sont invisibles de l'extérieur mais les mouvements entrants et sortants des martinets peuvent être repérés.
- Proscrivez les travaux de rénovation de corniches, façades ou toitures pendant la période de présence des martinets : toute perturbation est interdite !
- Proscrivez les pesticides, en particulier les insecticides qui réduisent drastiquement les ressources alimentaires des martinets.
Mesures de protection en cas de travaux
Une menace majeure sur les martinets découle des chantiers de rénovation de façades et toitures, ou de démolition de bâtiments. Le martinet est extrêmement fidèle à son nid : il est "programmé" pour y revenir tous les ans, après des milliers de kilomètres de migration.
Problème : la disparition ou le déplacement du trou d'entrée de son nid ne sont pas des scénarios prévus dans son logiciel de navigation. Un trou de boulin fermé, une tuile ou une corniche réparée, une façade isolée par l'extérieur ou même un nichoir déplacé de quelques centimètres ; les conséquences peuvent être dramatiques. Des vidéos montrent des martinets se heurter violemment, encore et encore, au mur qui remplace leur nid. Et ce, pendant une dizaine de jours !
Avant le chantier
- L'été précédent si possible, identifiez si des martinets (ou d'autres oiseaux) habitent le bâtiment.
- Prenez contact avec Bruxelles Environnement pour obtenir les autorisations et conditions pour l'organisation du chantier : s'y prendre bien en amont permet d'éviter une cessation de chantier pendant plusieurs semaines ou mois !
Pendant le chantier
- Si votre chantier commence avant que les martinets reviennent, placez des nichoirs sur les échafaudages en les plaçant dans l'axe exact de la cavité existante. L'échafaudage doit alors rester jusqu'à la fin de la nidification. Cette solution ne fonctionne pas toujours.
- Si les nids ne sont pas directement impactés par les travaux, il est possible de laisser l'échafaudage en place et de retirer les planches du plancher tous les jours : il s'agit de garder un volume libre d'entrave pour permettre aux martinets de regagner leur nid le soir et de le quitter le matin (leur vol forme une courbe en U).
- Évitez de placer des filets et bâches qui risquent de piéger ou blesser les oiseaux, jusqu'à moins de 5 m des entrées des nids.
Après le chantier ou lors d'un chantier hors de période de nidification
- Maintenez les cavités initiales ouvertes, au même endroit et dans des conditions aussi intactes que possible.
- Dans l'alternative, placez des nichoirs dont l'orifice doit être au plus près du trou du nid d'origine.
Quelques vidéos
Bruxelles abrite aussi une référence de pointe en matière de martinets : Martine Wauters, alias Swiftlady, est une passionnée qui œuvre depuis de nombreuses années pour sensibiliser la population, les autorités et le monde de la construction. Elle a également accompagné plusieurs chantiers et documente des cas concrets, dont voici quelques vidéos.
Martinets actifs au travers d'un échafaudage
Martinets sans abris (suite à l'isolation d'un pignon)
Obligations, interdictions... que dit la loi ?
Il est interdit de :
- Tuer et capturer des oiseaux sauvages.
- Détruire, endommager ou enlever leurs nids et leurs œufs.
- Perturber les oiseaux sauvages durant la période de nidification.
Il est obligatoire de :
- Obtenir une dérogation "Nature" pour refermer, détruire ou remplacer un nid de martinet noir ou d’hirondelle, même en leur absence hivernale (les oiseaux reviennent toujours au même nid).
Fiches espèces associées
Proies: Le "plancton" aérien, constitué de l'ensemble des petits animaux volant (ou se laissant dériver) dans les masses d'air.
Prédateurs : Faucons, épervier, corneille noire, pie bavarde, choucas des tours, goélands, fouine, rat noir, chouette effraie, chat.