Grenouille rieuse Pelophylax ridibundus
Découvrez cette grenouille non-indigène mais très présente à Bruxelles.

Caractéristiques principales
Espèce exotique envahissante préoccupante pour la Région bruxelloise (Annexe IV, Ord. Nature).
Observez, identifiez, découvrez
La grenouille rieuse européenne est la plus grande des grenouilles vertes et le plus grand amphibien indigène d'Europe. Le corps des spécimens adultes peut exceptionnellement atteindre 15 cm à 17 cm. La plupart des spécimens sont toutefois plus petits, avec une taille moyenne de 7 à 10 cm.
Etant donné leur étroite parenté, la grenouille rieuse européenne ressemble fort à la grenouille verte et il n'est pas aisé de les différencier.
- Le dos de la grenouille rieuse peut tirer plus vers le brun olive alors que celui de la grenouille verte tirera en général plus vers le vert (vert olive à vert jaune). Seuls les flancs et le museau sont verdâtres.
- La grenouille rieuse présente souvent une large bande dorsale jaune ou vert clair (généralement étroite, voire absente chez la grenouille verte) bien que certaines présentes des taches et non des lignes. Lorsqu'il y a des taches, elles sont assez grandes, brunes et vaguement délimitées alors que chez la grenouille verte elles sont petites, noires et bien délimitées.
- Le ventre de la grenouille rieuse est blanc sale et clairement tacheté, tandis que la grenouille verte présente un joli ventre blanc non tacheté.
- La couleur des sacs vocaux diffère aussi entre les deux espèces : de gris fumée à une couleur métallique plus foncée chez la grenouille rieuse, et généralement blanc laiteux à blanc sale chez la grenouille verte.
- L'intérieur du haut des cuisses permet également de différencier les deux espèces. La couleur de fond est blanc sale à gris clair chez la grenouille rieuse avec un dessin marbré brun à vert olive, jaune à verdâtre avec un dessin marbré noir chez la grenouille verte.
Le chant nuptial de la grenouille rieuse est différent de celui de la grenouille verte : il fait plus penser à un ricanement, d'où son nom.
Les larves de la grenouille rieuse européenne peuvent atteindre 8 cm de long. A aucun stade du développement larvaire elles ne être distinguées de celles de la grenouille verte.
En réalité, deux espèces de grenouilles rieuses ont été identifiées avec certitude sur le territoire de la région : la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus) et la grenouille de Bedriaga (Pelophylax cf. bedriagae) originaire d'Anatolie (pourtour méditerranéen).
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Cycle biologique
Accouplement et ponte se passent en mai-juin. Les mâles chantent bruyamment à la surface de l'eau pour établir leur territoire. Pour l'acte, la grenouille mâle étreint sa partenaire sous les aisselles ; dans cette position appelée amplexus, il féconde les amas d'œufs qui sortent du corps de la femelle. Ils sont déposés en tas parmi la végétation puis coulent vers le fond de l'eau.
L'éclosion survient au bout de 5 à 10 jours selon la température ambiante. Le développement des têtards dure de 4 à 5 mois. La métamorphose survient vers août-septembre, mais certains têtards, issus des pontes tardives, peuvent aussi hiverner pour se métamorphoser au printemps suivant. On peut par conséquent trouver des larves de grenouille rieuse pratiquement tout au long de l'année dans l'eau.
La femelle peut assurer de 2 à 3 pontes par an et pondre plus de 10.000 œufs au total sur la saison.
La maturité sexuelle est atteinte à 2 ans pour les mâles et 3 ans pour les femelles.
À l'automne, la grenouille rieuse s'envase au fond de l'eau pour y passer l'hiver, absorbant l'oxygène de l'eau à travers sa peau.
Il arrive que l'on observe en pleine période hivernale, par temps doux, des grenouilles rieuses européennes qui prennent le soleil au bord de l'eau. Cette activité hivernale est peut-être liée à leur vie dans leur région d'origine. Plusieurs populations belges proviennent en effet d'Europe centrale, où les températures hivernales sont beaucoup plus faibles et où les grenouilles hivernent de manière ininterrompue dans la couche de vase sur le fond du biotope aquatique ou dans un abri sur la terre. Dans notre climat atlantique, où les journées froides et plus chaudes alternent durant la période hivernale, elles réagissent rapidement aux fluctuations de température.
- Visibilité : mars à septembre-octobre
- Hivernation : octobre-novembre à fin février
- Reproduction : mai-juin
- Têtards : juin-septembre
- Sortie des jeunes : août-septembre
Risques de confusion
Grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus)
Grenouille de Lessona (éteinte en Région bruxelloise)
Place dans l’écosystème
Le têtard est surtout herbivore et peut aussi consommer des débris de matière organique. Les adultes sont avant tout insectivores mais peuvent aussi bien consommer des vers de terre, mollusques, petits reptiles ou autres petits amphibiens, voire des poissons.
La femelle pond des amas d'oeufs qui flottent à la surface de l'eau.
Elle est présente dans tous types de plans d'eau, petits ou grands, même artificiels comme un bassin de station d'épuration, de préférence bien ensoleillés et riches en végétation. On peut ainsi la trouver dans des mares, étangs, marais, fossés, rivières, canaux... Elle est d'habitude strictement aquatique et ne fréquente pas ou très peu les milieux terrestres.
Cohabitez et évitez les nuisances
Une espèce exotique naturalisée
Bien qu'indigène dans certains pays d'Europe, la grenouille rieuse européenne est en Belgique une espèce introduite qui menace les espèces indigènes de grenouilles vertes. Elle a de ce fait été inscrite sur la liste bruxelloise des espèces exotiques envahissantes (annexe IV de l'Ordonnance nature de 2012). L'espèce est toutefois considérée comme naturalisée.
Elle est soupçonnée de causer des déplacements de populations des espèces indigènes, par compétition alimentaire, territoriale et par prédation. Pouvant pondre jusqu’à 10.000 œufs par an et avec une importante capacité de dispersion géographique, cette espèce peut coloniser rapidement de nouveaux milieux.
Capable de s’hybrider avec les grenouilles
vertes indigènes, il existe par ailleurs un risque de remplacement du génome des grenouilles
vertes locales par celui des grenouilles rieuses. L’impact de ces grenouilles
exotiques sur la faune indigène est cependant peu connu.
Si la grenouille rieuse est porteuse saine du champignon Batrachochytrium dendrobatidis responsable de la chytridiomycose, une maladie infectieuse qui fait des ravages chez les populations d'amphibiens dans certaines régions du monde, il semblerait pour le moment que le B. dendrobatidis et les amphibiens parviennent à vivre en équilibre dans le Nord-Ouest de l'Europe. La situation est plus préoccupante concernant B. salamandrivorans (voir le point Biosécurité pour nos recommandations).
Pour protéger la biodiversité
- Ne relâchez jamais de tortues, de grenouilles ou autres animaux exotiques dans la nature.
- N'introduisez pas de poissons dans les mares et bassins de jardins.
- Proscrivez les pesticides de tous types.
- Évitez les "pièges" mortels : puits perdus, vides techniques, rigoles bétonnées abruptes, bouches d'égouts...

Pour favoriser les amphibiens en général
- Préservez des mares peu profondes et riches en végétation et les eaux stagnantes ou à faible débit, sans poissons prédateurs.
- Maintenez des zones terrestres humides et ombragées.
- Préservez les fossés, ornières inondées, mares forestières.
- Fauchez tardivement en fonction des phases du cycle de vie des espèces.
- Créez un réseau de mares et zones humides connectées aux habitats terrestres des amphibiens.
- Favorisez les zones refuges : tas de bois, feuilles mortes, souches, amas de pierres.
- Maintenez un couvert végétal dense dans les parcs ou jardins (pour conserver l’humidité).
- Sur la route, en voiture ou en vélo, à partir du mois de février conduisez doucement et soyez vigilent dès la tombée de la soirée jusqu’au lever du jour.
- Réduisez la prédation de votre chat et gardez-le à l'intérieur en période de migration des batraciens si vous vivez dans une zone concernée.
- Pendant la période de migration, aidez les grenouilles et crapauds à traverser les rues en participant aux opérations de sauvetage de batraciens.
Biosécurité : gestion de la chytridiomycose
La chytridiomycose est une affection fongique susceptible de causer une mortalité élevée chez les amphibiens. Cette maladie est la maladie infectieuse la plus grave que l’on n’ait jamais connue en termes de nombre d'espèces touchées. Deux champignons en sont responsables: Batrachochytrium dendrobatidis et Batrachochytrium salamandrivorans.
La grenouille rieuse est porteuse saine de Batrachochytrium dendrobatidis.
Les prescriptions de sécurité ci-dessous sont conformes au plan d'action belge Bsal, pour la lutte contre Batrachochytrium salamandrivorans, maladie fongique atteignant les salamandres.
Pour tout renseignement complémentaire, contactez Bruxelles Environnement.
Mesures générales
- Ne manipulez des amphibiens que si c'est vraiment nécessaire.
- Relâchez-les toujours à l'endroit où vous les avez capturés.
- Lavez-vous bien les mains avant d'entrer en contact avec l'eau ou avec des amphibiens. Nettoyez vous les mains également lorsque vous quittez un endroit, à l'aide d'un gel désinfectant pour les mains.
- Si vous êtes actifs sur plusieurs sites de traversée, nettoyez soigneusement votre seau entre chaque intervention en enlevant les morceaux de plantes, mottes de boue, et en le rinçant à l'eau.
Les amphibiens morts et/ou malades, dont la cause de la mort n'est pas identifiable à première vue, représentent un risque important. Manipulez-les uniquement avec des gants.
Si vous rencontrez des individus morts dont la cause du décès n'est pas claire à première vue (p.ex. prédation, victimes de la route, noyade), prenez contact avec Bruxelles Environnement.
Les cadavres intacts, ne portant pas de trace de traumatisme (donc pas les victimes de la route ni les cadavres attaqués par des animaux) et qui sont relativement frais, seront récupérés pour analyse.
- Emballez alors l'animal dans un double sac en plastique et stockez-le au réfrigérateur.
En savoir plus
Fiches espèces associées
Découvrez les espèces d'amphibiens présentes à Bruxelles.
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Voici des actions que vous pouvez entreprendre pour aider l'herpétofaune en général (reptiles et amphibiens).