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Limitez naturellement les dégâts associés aux limaces

Rien de plus douloureux que voir son jardin ou potager de rêve englouti par les limaces ! Et pourtant, ces créatures voraces ont un rôle essentiel dans nos écosystèmes. Découvrez les conseils et les recommandations officielles pour les jardins et espaces publics bruxellois.

Découvrez les méthodes de lutte alternatives pour limiter l'impact des limaces

Nos recommandations sont placées sous le signe de la « lutte intégrée contre les ennemis des cultures », une terminologie européenne officielle qui désigne une gestion raisonnée des bioagresseurs ou ravageurs des cultures. L’idée est simple : observer et réagir progressivement, avec des méthodes alternatives en priorité, dans l’idée de restaurer des équilibres et maintenir la population de l’organisme cible à un niveau acceptable sans nécessairement chercher à l’éradiquer. Dégainer l’arme chimique (les pesticides) ne s’envisage qu’en tout dernier recours et que dans certains conditions, notamment lorsque le ravageur met en difficulté une exploitation économique (en agriculture).

Infos techniques

Public cible Entreprises - Particuliers - Pouvoirs publics - Professionnels
Saison Automne - Printemps
Type d'action Entretenir - Planifier - Aménager
Espace concerné Jardin
Niveau Débutant
Les granulés anti-limaces, pas sans risques

Les granulés anti-limaces à base de métaldéhyde ou de méthiocarbe peuvent se révèler dangereux pour l'humain et les animaux, domestiques notamment. Heureusement, des méthodes préventives et des alternatives à leur utilisation existent. 

Prévenez la prolifération des limaces avec les bonnes pratiques culturales

Travaillez votre sol

Les limaces trouvent refuge dans les anfractuosités du sol, c’est d’ailleurs comme ça qu’elles survivent aux périodes de sécheresse.

  • Griffez superficiellement le sol du potager ou des platebandes en mars-avril (sur une dizaine de cm), cassez les grosses mottes. Cela permet de limiter les cachettes naturelles, d’exposer éventuellement des jeunes limaces ou des œufs à leurs prédateurs et à l’action du soleil.

Arrosez le matin

N’arrosez pas le potager le soir, mais plutôt en début de journée. L'humidité nocturne crée des conditions idéales pour les limaces de se déplacer et se nourrir. Cette distinction entre zone sèche et zone humide peut réellement faire la différence (évidemment, ça ne fonctionne pas lorsqu’il pleut).

Le saviez-vous ?

Sur les 40 limaces présentent en Belgique, seulement quelques-unes présentent une nuisance pour les cultures. Détritivores, les limaces jouent un rôle clef dans la transformation de la matière organique en nutriments et permettent d’aérer le sol.

Favorisez les prédateurs naturels

Qui consomme les limaces et escargots ? Dans un écosystème appauvri, comme dans la plupart des jardins conventionnels (ou dans un jardin naturel entouré de jardins tristement aménagés), les limaces ont assez peu de prédateurs.

Dans un écosystème plus riche, elles sont au menu des hérissons, des musaraignes, des grenouilles et crapauds, de certains coléoptères prédateurs (comme les staphylins et les carabes), des oiseaux, voire même de limaces carnivores qu’on a donc intérêt à préserver.

  • Aménagez des biotopes utiles aux prédateurs est donc une solution à envisager en premier lieu : haie vive, mare naturelle, abri à hérisson, tas de bois, muret en pierres sèches, nichoirs à oiseaux, zone herbeuse non fauchée…

Préservez des déchets organiques et de la matière en décomposition

Les limaces sont avant tout des décomposeurs. Elles jouent un rôle fondamental dans le recyclage de la matière organiques morte ou mourante, en s’attaquant prioritairement aux plantes fanées, fruits pourris et autres plantes malades ou chétives. Leur action permet de préserver des sols sains et vivants. Malheureusement, nos jardins trop propres laissent assez peu de place aux « déchets » organiques qui sont le plus souvent récoltés et évacués vers la déchetterie ou dans les sacs poubelles adaptés.

Un tas de compost est déjà une approche intéressante pour concentrer (et éloigner) les gastéropodes, mais augmenter simplement le nombre de végétaux fanés et en décomposition dans l’environnement reste la meilleure des approches. 

Pensez à recycler in situ un maximum de résidus végétaux, voire à mettre vos déchets de cuisine végétale (feuilles de salades flétries, épluchures de légumes, pieds de champignons, restes de plantes aromatiques …) directement sur le sol du potager (on parle de « compostage de surface »). Les limaces s’y concentreront en priorité et seront plus faciles à dénicher.

De même, la présence de souches d'arbres ou de tas de bois mort dans le jardin permet de concentrer les limaces à un endroit puisqu'elles se cachent dedans la journée, et facilite la "récolte".

Paillage © Getty Images

Vérifiez votre paillage

Il arrive que le paillage constitue un habitat humide et frais idéal pour les limaces. Dans le cas d’une invasion, enlevez votre paillage au printemps quand les températures ne sont pas trop chaudes et paillez de nouveau à l’approche de l’été.

Dupez-les avec des plantes attractives

Certaines plantes attirent toutes les convoitises de nos amies baveuses. Il peut donc être utile de faire diversion en plantant celles-ci à l’écart des zones à protéger et en veillant à les arroser le soir. 

  • Semez ou plantez en particulier des brassicacées (anciennement appelées crucifères) : roquette, choux, moutarde, colza… et arrosez-les le soir. Comme elles seront humides, ces plantes attireront les limaces.

Repoussez-les avec des plantes répulsives

Certaines plantes ont des composés chimiques que les limaces trouvent désagréables voire toxiques. C'est le cas des plantes aromatiques et de la capucine. D'autres plantes ont une texture irritante et difficile à parcourir pour les limaces comme le gaillet gratteron. D'autres encore comme l'achillée millefeuille ont des feuilles épaisses et coriaces qui les rendent difficiles à mâcher. Pensez donc à ces plantes qui peuvent être des alliées : 

  • l'ail 
  • la bourrache
  • l'absinthe
  • le cassis
  • la capucine
  • le cerfeuil
  • la consoude
  • le fenouil
  • le gaillet gratteron
  • le géranium
  • les fougères
  • la menthe
  • le romarin
  • la sauge
© Michel Van der Vegt, Pixabay

Relevez vos manches : les solutions manuelles

Le prélèvement nocturne

Après la nuit tombée, lorsqu’il fait un peu plus humide, un passage régulier au jardin avec une torche ou, mieux, une lampe frontale, permet de « cueillir » les gastéropodes. En répétant ce passage plusieurs fois par semaine, c’est généralement la solution la plus efficace pour limiter les populations de baveuses sur votre terrain. Cela peut toutefois devenir une corvée lors des saisons fraiches et humides, d’autant que les limaces les plus voraces sont les plus petites et les plus difficiles à attraper.

Les abris-pièges

Une grande planche contre le sol, des pots renversés, des tuiles, des boites d’œufs, des demi-pamplemousses évidés… Parsemez l’espace de zones fraiches et ombragées sous ou dans lesquelles les limaces et escargots viendront se réfugier. Même si ce n’est pas volontaire, c’est aussi sous tout votre « brol » que les limaces vont se cacher pendant la journée !

Le jour venu, il suffit de les collecter en retournant tous ces abris. A combiner avec le prélèvement nocturne pour plus d’efficacité.

Que faire de vos limaces ?

Les limaces et escargots récoltés peuvent être libérés plus loin dans un espace naturel, ajoutés dans le bac à compost (s’il est assez loin des zones cultivées) ou donnés aux poules ou aux canards qui en raffolent (en quantités modérées).

Elles peuvent être également tuées à la main, mais de manière générale il vaudrait mieux les préserver pour leur rôle de décomposeurs et recycleurs.

© Agnese, Pixabay

Installez des barrières physiques

Les cloches et bouteilles plastiques

Découpez aux ciseaux le bas d’une bouteille en plastique, placez le haut du dispositif autour des jeunes plantes en enfonçant les bords dans la terre, et le tour est joué !

Il n’y a pas plus simple, économique et efficace pour protéger vos jeunes plantules.

Vous pourrez retirer le dispositif quand la plante sera plus grande/robuste, et la météo plus sèche.

Et si vous n’êtes pas du genre bricoleur, des cloches de protection sont également disponibles en magasin. Légèrement plus esthétiques, un peu plus grandes aussi (pour protéger des plantes plus développées) elles sont aussi plus chères que la récup. Comptez en fonction des modèles entre 1 et quelques euros par cloche.

Les cols et bords recourbés

Toujours dans la logique de barrière, vous pouvez fabriquer des collerettes autour de vos zones de cultures avec des conteneurs en plastiques dont les bords sont recourbés et dont vous aurez préalablement découpé le fond. Des "cols" recourbés existent également prêts à l'emploi dans le commerce, pour une protection plante par plante (comptez environ 2€/col).

Attendez que vos plantes soient plus robustes

Les limaces sont particulièrement friandes des jeunes pousses délicates. Dans la mesure du possible, attendez que vos plants soient assez robustes avant de les repiquer sans protection au potager.

Par exemple, les courgettes, potirons et autres cucurbitacées se couvrent de poils avec le temps, et leurs feuilles s’épaississent, ce qui décourage grandement les attaques de nos chers gastéropodes.

© H. Caulier, Bruxelles environnement
© H. Caulier, Bruxelles environnement

Le ruban ou filet de cuivre

Au contact du cuivre, les limaces ont « une drine », bref, un choc électrique pas très plaisant.

Des rubans de cuivre permettent de protéger plus spécifiquement des pots ou des balconnières en créant sur leur pourtour une paroi infranchissable car répulsive. Comptez une dizaine à une vingtaine d’euros pour un rouleau de 5 mètres environ, selon les fournisseurs. Prévoyez une largeur d’au-moins 5 cm pour une efficacité optimale : certains rubans du commerce sont moins larges et il peut donc être judicieux de doubler la quantité.

Pour de plus grandes surfaces, comme au potager, il existe aussi des filets de cuivre qui jouent le même rôle répulsif. En pleine terre, enterrez la barrière de cuivre à la verticale, d’au moins 2cm dans le sol pour environ 8-10 cm en dehors du sol. Des petits renforcements (tuteurs) peuvent être utiles pour stabiliser la barrière, mais pensez bien à les placer côté intérieur (cuivre à l’extérieur). Attention, les limaces et escargots déjà présents dans la zone protégées y resteront : pensez à placer des pièges-cachettes pour les en déloger.

Cela peut vite chiffrer si vous avez de nombreux pots ou des bacs potagers surélevés, mais le cuivre est réutilisable. Avec un prix variable selon les fournisseurs, comptez une dizaine d'euros pour 4 m de ruban adhésif, ou une trentaine d'euros pour 15-20 m de filet.

Les matériaux divers (coquilles, marc, cendre, lave…)

Différents éléments peuvent servir à dessiner des barrières difficiles à franchir pour les gastéropodes. Comme pour vous protéger des démons, dessinez une ligne épaisse autour des cultures à protéger et veillez à bien fermer le cercle (ou toute autre forme, pour autant qu’elle soit entièrement fermée). La ligne doit être épaisse (au moins 5cm de large pour 1cm de haut).

Les granulés de lave qu’on trouve dans le commerce (jusqu’à 3mm de diamètre) suivent cette logique. Leurs bords anguleux tranchants sont dissuasifs. Ils sont relativement résistants à la pluie et peuvent se mélanger au sol à terme. Néanmoins, ils ne sont pas gratuits, ni pour le portefeuille (comptez entre 15 et 20€ le paquet de 2,5 kg, soit environ 10-12m de barrière linéaire) ni pour la planète, puisqu’ils viennent de loin et sont issus d'activités extractives.

Il existe d’autres matériaux de récupération.

SI vous consommez des œufs, gardez les coquilles, laissez-les sécher et concassez-les plus ou moins finement sans en faire entièrement de la poudre : les coquilles doivent rester coupantes, mais la partie « poudreuse » peut permettre d’assécher le sol. Une ligne épaisse de coquilles broyées autour des cultures à protéger peut potentiellement limiter l’accès des limaces qui n’aiment pas passer sur ce type de matériaux. L’efficacité reste limitée et quasi-nulle en période humide. Les coquilles enrichissent le sol en calcium et certains organismes peuvent le consommer pour leurs besoins physiologiques (comme les escargots pour la fabrication de leur coquille et potentiellement certains oiseaux).

© Conger Design, Pixabay

Il en va de même pour le marc de café, séché puis saupoudré au pied des plantations ou en ligne autour des cultures. Efficacité discutable et renouvellement fréquent à prévoir.

Les cendres de bois issues du feu ouvert ou d’un barbecue sont aussi parfois évoquées, toujours avec la même logique d’en dessiner une barrière infranchissable (dans ce cas-ci, pour assécher le parcours des limaces). L’efficacité est limitée, surtout par temps pluvieux, avec en plus ici une modification de la composition du sol (enrichissement en potasse).

© Curious Hunter, Pixabay

Les potions et autres préparations naturelles à base de plantes

L’infusion ou décoction d’ail

Comme pour les vampires et les premiers rendez-vous galants, l’ail aurait un rôle répulsif contre les limaces. 

Hachez quelques quelques gousses d’ail écrasées (2 gousses par litre d’eau), portez à ébullition et laissez refroidir (voire macérer quelques jours). Filtrez et versez dans un pulvérisateur.

La pulvérisation de ce liquide aromatique doit être régulière (une fois par semaine par temps sec), encore plus lorsqu’il pleut et que les limaces prolifèrent.

La décoction de tanaisie

Versez 30 grammes de plantes (feuilles et fleurs) dans 1 litre d'eau de pluie. Laissez macérer une journée puis portez à ébullition (15-20 min). Laissez ensuite refroidir à couvert (pour récupérer les substances actives plus volatiles). Filtrez et versez dans un pulvérisateur.

Les purins de rhubarbe, de fougère ou d'absinthe

Comme avec l’ail, l’odeur de ces plantes fermentées ferait fuir les voraces limaces. 

Utilisez 100 grammes de feuilles fraiches hachées par litre d’eau. Laissez macérer à froid : couvrez d’un vieux tissu et laissez macérer à température ambiante pendant une grosse semaine, jusqu’à ce que des bulles apparaissent. Filtrez et stockez ce concentré dans des bouteilles (attention, la fermentation continue et les bouteilles peuvent exploser !). Diluez le purin avant de l’utiliser : un volume de purin pour 5 volumes d’eau (par ex. 100 ml de purin + 500 ml d’eau). Attention, la préparation est malodorante, préparez-la si possible dans une remise ou une cave.

Dans le cas du purin d'absinthe, diluez le produit à 10% (1 litre de purin pour 9 litres d'eau) avant utilisation. 


Le purin de limaces

Bon, tout le monde en parle, mais on vous l’épargne. Ça sent terriblement mauvais, bien plus qu’un purin végétal, et le jardinage doit rester un plaisir.

© Andrei Korzhyts, AdobeStock
© Maxime Thibault, Pixabay

En dernier recours : les solutions létales

Ces produits, même dits écologiques, ne sont pas tout à fait sélectifs (ils tuent limaces et escargots de toutes espèces) et/ou impliquent des effets néfastes pour l'environnement. Ils ne sont recommandés qu'en cas d'invasion sévère et si des cultures sont menacées, et en particulier pour les activités commerciales.

Lutte biologique

  • Les nématodes Phasmarhabditis hermaphrodita sont des vers minuscules, parasites des limaces, mais aussi des escargots, pouvant être utilisés comme des agents de lutte biologique. Ils sont toutefois difficiles à utiliser de manière ciblée. Le traitement est assez cher : selon les marques, comptez 30 à 40€ pour 40 m2 (efficacité d'environ 6 semaines).
  • Pour que le traitement soit efficace, utilisez lorsque les températures moyennes dépassent les 10°C (entre mars et octobre). L'humidité du sol doit être garantie pendant 4 semaines au moins : s'il ne pleut pas, arrosez régulièrement.

Piège à bière

  • Les pièges à bière, s’ils attirent sans conteste les limaces, se révèlent souvent inefficaces voire contre-productifs car ils ont tendance à attirer toutes les limaces du quartier, qui y passent sans y tomber.
    La bière est toutefois reconnue par les autorités sanitaires comme "substance de base" efficace.
  • Si vous utilisez un piège à bière, utilisez un modèle fermé afin que les hérissons ne puissent pas venir gober les limaces noyées et imbibées d'alcool (ou simplement boire la bière). Des cas de hérissons ivres qui s'endorment en pleine journée, exposés aux prédateurs et aux mouches, ont déjà été évoqués. C'est une obligation européenne et fédérale.
  • N'utilisez pas plus d'un piège par mètre carré.

Lutte chimique (pesticides)

  • Les granulés anti-limaces « bio » à base de phosphate de fer (ferramol) sont un produit phytopharmaceutique à faible risque pour l'humain et les autres animaux (mammifères), mais le fer s’accumule dans le sol et à des effets néfastes sur la croissance des plantes. L’usage de ce produit est autorisé dans les jardins privés et agriculture biologique, mais interdit dans les espaces publics et notamment dans les potagers familiaux et collectifs (dont ceux gérés par Bruxelles Environnement).
  • Les granulés à base de métaldéhyde sont extrêmement toxiques pour la petite faune (hérissons ou chats empoisonnés) et pour l'environnement.
    Leur usage sera interdit dès 2025.

Obligations, interdictions... Que dit la loi ?

Il est interdit de :

  • Utiliser des pesticides pour entretenir les espaces publics en Région bruxelloise, qu’ils soient régionaux ou communaux.
  • Utiliser des pesticides sur les trottoirs, allées de garage, terrasses et autres terrains reliés aux égouts, et dans les zones tampons, définies autour des cours et plans d’eau.
  • Utiliser des pesticides dans la zone de protection des captages d’eau destinée à la consommation (autour du Bois de la Cambre et de la Forêt de Soignes).
  • Utiliser des pesticides dans les écoles, crèches, maisons de repos et de soin, plaines de jeux, aires de pique-nique, terrasses Horeca.
  • Utiliser des pièges à bière "ouverts" (coupelles sans couvercle).

En savoir plus

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